Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisLes Ă©crivains et la bonne nous l'avons vu, au regard d'autres formes de sociabilitĂ© mondaine, une des grandes spĂ©cificitĂ©s des salons parisiens est la place qu'y occupent les Ă©crivains. Leur prĂ©sence rĂ©guliĂšre et durable au sein de la bonne sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© souvent commentĂ©e par les historiens et a donnĂ© lieu Ă des interprĂ©tations divergentes. Doit-on considĂ©rer que les auteurs qui frĂ©quentent les salons ne sont que des arrivistes sans scrupules, plus intĂ©ressĂ©s par les succĂšs mondains que par leur Ćuvre, ou doit-on, au contraire, en dĂ©duire que les salons sont des lieux soustraits Ă l'empire du pouvoir, entiĂšrement consacrĂ©s Ă la littĂ©rature et Ă la conversation et oĂč les diffĂ©rences sociales n'ont plus cours ? Ăvidemment, aucune de ces solutions simplistes n'est satisfaisante. Il faut plutĂŽt essayer de comprendre comment s'est formĂ© historiquement ce lien particulier entre la bonne sociĂ©tĂ© et une partie du monde littĂ©raire. En France, une telle alliance s'est nouĂ©e dans la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle. Les belles-lettres, les sciences et la philosophie sortent des milieux savants pour toucher de nouveaux publics, mondains et fĂ©minins ; de nouvelles formes de distinction sociale fondĂ©es sur les divertissements littĂ©raires et la maĂźtrise de la conversation sont mis en avant par la sociĂ©tĂ© de cour ; enfin, de nouvelles reprĂ©sentations de l'Ă©crivain font accĂ©der celui-ci au rang des personnes qu'il convient d'inviter et de recevoir. Entre les Ă©lites parisiennes et les Ă©crivains Ă succĂšs, du moins ceux qui acceptent de jouer le jeu de cette bonne sociĂ©tĂ© en contribuant par leurs poĂ©sies, leurs lettres et leurs bons mots Ă ses divertissements, se noue alors une alliance de longue durĂ©e qui s'exerce durablement jusqu'au xxe siĂšcle. MĂȘme des auteurs dont l'Ćuvre semble Ă©loignĂ©e des formes prĂŽnĂ©es par les salons, tels les frĂšres Goncourt, auteurs de romans rĂ©alistes volontiers critiques, frĂ©quentent avec assiduitĂ© le salon de la princesse Mathilde et sont nostalgiques d'un xviiie siĂšcle mondain et rococo largement xviiie siĂšcle occupe en effet dans cette histoire une place singuliĂšre. Ă bien des Ă©gards, il apparaĂźt comme le siĂšcle d'or des salons parisiens, sommet de leur activitĂ© et de leur prestige. Dans ces salons, la prĂ©sence massive des encyclopĂ©distes et de tout ce que Paris compte alors de disciples de Voltaire a fait croire qu'ils sont des lieux privilĂ©giĂ©s de diffusion de la philosophie des LumiĂšres. Il n'en est rien, mĂȘme si, bien sĂ»r, cette prĂ©sence tĂ©moigne plus largement de la rĂ©ceptivitĂ© des Ă©lites sociales Ă l'Ă©gard des LumiĂšres. Le point important est plutĂŽt que les Ă©crivains des LumiĂšres, y compris parfois les plus radicaux d'entre eux, ont assez massivement investi les salons de l'aristocratie parisienne parce qu'ils y voient Ă la fois un lieu de consĂ©cration, une marque de rĂ©ussite sociale par l'Ă©criture et une voie d'accĂšs aux ressources du mĂ©cĂ©nat et Ă la cour, mais aussi parce qu'ils adhĂšrent en grande partie Ă l'idĂ©al de l'homme du monde poli et cultivĂ©. Il faut ĂȘtre homme du monde avant d'ĂȘtre homme de lettres », Ă©crit Voltaire 1694-1778, soucieux de critiquer aussi bien les Ă©rudits et les pĂ©dants que les polygraphes qui essaient de vivre de leur plume et en qui il ne voit que canaille littĂ©raire ». Les Ă©crivains des LumiĂšres prennent ainsi ouvertement le relais des auteurs du Grand SiĂšcle pour publier l'excellence et l'universalitĂ© des valeurs la seconde moitiĂ© du xviiie siĂšcle est marquĂ©e, en parallĂšle, par la cristallisation d'une critique radicale du salon comme lieu de corruption sociale, morale et politique. Jean-Jacques Rousseau 1712-1778 est le plus cĂ©lĂšbre et le plus Ă©loquent pourfendeur de la mondanitĂ© et du rĂŽle qu'y jouent les femmes. Il n'est pas le seul. Chamfort 1741-1794 Ă©crit par exemple La sociĂ©tĂ©, les cercles, les salons, ce qu'on appelle le monde, est une piĂšce misĂ©rable, un mauvais opĂ©ra, sans intĂ©rĂȘt, qui se soutient un peu par les machines et les dĂ©corations. » La critique des salons est morale, c'est celle du luxe et de la théùtralitĂ© dont toute sincĂ©ritĂ© est bannie ; elle est aussi politique et touche aux conditions mĂȘme d'existence des Ă©crivains et d'exercice d'une critique sociale. Si, pour Voltaire, l [...]1 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 11 pagesĂcrit par maĂźtre de confĂ©rences en histoire moderne Ă l'Ăcole normale supĂ©rieureClassificationHistoireHistoire thĂ©matiqueHistoire culturelleLittĂ©raturesHistoire des littĂ©raturesLittĂ©ratures europĂ©ennesLittĂ©raturesHistoire des littĂ©raturesLittĂ©ratures europĂ©ennesLittĂ©rature françaiseAutres rĂ©fĂ©rences SALONS LITTĂRAIRES » est Ă©galement traitĂ© dans LES FEMMES SAVANTES, MoliĂšre - Fiche de lectureĂcrit par Christian BIET âą 1 683 mots âą 1 mĂ©dia Avant-derniĂšre comĂ©die de MoliĂšre 1622-1673 , Les Femmes savantes font Ă©cho aux PrĂ©cieuses ridicules 1659 qui ont ouvert la carriĂšre parisienne de l'auteur. Sur le mĂȘme motif les femmes et leur volontĂ© de prĂ©tendre au savoir et Ă l'art dans une sociĂ©tĂ© de salon, MoliĂšre est passĂ© d'une piĂšce en un acte et en prose, fondĂ©e sur des types, faisant la satire de prĂ©cieuses provinciales entichĂ©e [âŠ] Lire la suiteBOHĂMEĂcrit par Jean-Didier WAGNEUR âą 3 353 mots âą 5 mĂ©dias Dans le chapitre De la bohĂšme Ă l'avant-garde » [âŠ] La bohĂšme » de Murger reste caractĂ©ristique des annĂ©es 1840-1850, enveloppant Ă la fois les milieux du journalisme, ceux de ce que l'on a nommĂ© la fantaisie », et le rĂ©alisme de la brasserie Andler autour de Gustave Courbet et de Champfleury. Mais si la mort de Murger en 1861 est saluĂ©e par les Goncourt comme la fin de la bohĂšme », ce n'est lĂ que figure de style. La gĂ©nĂ©ration libĂ©rale de 1 [âŠ] Lire la suiteCAFĂS LITTĂRAIRESĂcrit par GĂ©rard-Georges LEMAIRE âą 7 806 mots âą 3 mĂ©dias Dans le chapitre Un espace alternatif » [âŠ] Dans une large mesure, les cafĂ©s ont servi d'alternative aux cours princiĂšres, aux ruelles du xvii e siĂšcle, puis aux salons de l'aristocratie du xviii e siĂšcle et de la majeure partie du xix e siĂšcle, le plus souvent rĂ©gis par les femmes. Ce gouvernement fĂ©minin sur la vie intellectuelle a Ă©tĂ© fustigĂ© par MoliĂšre dans ses Femmes savantes cette piĂšce satirique permet de voir que les rites e [âŠ] Lire la suiteCĂNACLES ROMANTIQUESĂcrit par France CANH-GRUYER âą 2 433 mots âą 1 mĂ©dia Dans le chapitre Autour de Victor Hugo » [âŠ] Le CĂ©nacle proprement dit est encore appelĂ© CĂ©nacle de Joseph Delorme », en l'honneur du cĂ©lĂšbre poĂšme de Sainte-Beuve dans lequel ce terme se trouve appliquĂ© au groupe d'amis et d'artistes qui, de 1827 Ă 1830 Ă peu prĂšs du manifeste » de la prĂ©face de Cromwell Ă l'apothĂ©ose d' Hernani , furent au cĆur de la rĂ©volution romantique. Certes, Sainte-Beuve, qui entre en relation avec Victor Hu [âŠ] Lire la suiteCHARRIĂRE ISABELLE DE 1740-1805Ăcrit par Universalis âą 313 mots La romanciĂšre suisse Isabelle de CharriĂšre anticipa dans ses Ćuvres l'Ă©mancipation du dĂ©but du xix e siĂšcle. NĂ©e Isabelle AgnĂšs Elisabeth van Tuyll van Serooskerken, le 20 octobre 1740 Ă Zuilen, prĂšs d'Utrecht en Hollande, elle Ă©pouse en 1771 un gentilhomme vaudois, ancien prĂ©cepteur de ses frĂšres et s'installe Ă Colombier, non loin de NeuchĂątel. C'est lĂ qu'elle tiendra salon, rassemblant autou [âŠ] Lire la suiteCONDORCET SOPHIE DE GROUCHY marquise de 1764-1822Ăcrit par Denise BRAHIMI âą 574 mots La vie de Sophie de Condorcet est loin de s'identifier Ă celle de son mari, dont elle a pourtant Ă©pousĂ© les idĂ©es et partagĂ© les travaux. Sophie de Grouchy est nĂ©e en Normandie en 1764, dans une assez illustre famille. Sa mĂšre, sĆur du prĂ©sident Dupaty, Ă©tait une femme d'esprit et de sens. Sophie montre trĂšs tĂŽt des dispositions pour l'Ă©tude, un caractĂšre solide et beaucoup de sĂ©rieux. Ă l'occasio [âŠ] Lire la suiteCONTES, Charles Perrault - Fiche de lectureĂcrit par Christian BIET âą 1 218 mots Dans le chapitre Un art du naturel » [âŠ] Tenant de ceux les Modernes qui revendiquaient une libertĂ© de la littĂ©rature par rapport aux modĂšles antiques contre ceux les Anciens qui en prĂŽnaient l'imitation, acadĂ©micien depuis 1671, bon politique sous Colbert, chef de file et champion de la dramaturgie moderne, du nouvel art chrĂ©tien, des auteurs contemporains du siĂšcle de Louis XIV, de la langue, de la littĂ©rature et de la nation franç [âŠ] Lire la suiteCONTES DE FĂES, Madame d'Aulnoy - Fiche de lectureĂcrit par Christian BIET âą 1 226 mots La comtesse d'Aulnoy Marie Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d'Aulnoy, 1650-1705 est surtout connue, au xvii e siĂšcle, pour le scandale Ă©norme dont elle a Ă©tĂ© l'objet. Elle fut en effet convaincue, en 1669, d'avoir dĂ©noncĂ© Ă tort son mari, le baron d'Aulnoy, pour avoir tenu des propos outrageants contre le roi. Cette calomnie, qu'elle et sa mĂšre avaient diffusĂ©e pour se dĂ©barrasser d'un [âŠ] Lire la suiteDEFFAND MARIE marquise du 1697-1780Ăcrit par Ădouard GUITTON âą 590 mots Sainte-Beuve Lundis I et XIV et Gustave Lanson Choix de lettres du XVIII e siĂšcle ont parlĂ© admirablement de M me du Deffand. Ame d'une richesse exceptionnelle, elle offre une image exemplaire du sort de la femme sous l'Ancien RĂ©gime. Son Ćuvre tient dans sa correspondance et sa conversation sĂ»r moyen de parvenir Ă la postĂ©ritĂ©. SupĂ©rieurement intelligente, elle a su en toute circonsta [âŠ] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis
La rĂ©vĂ©lation dâune possible nomination par Emmanuel Macron de lâĂ©crivain Philippe Besson au consulat de France Ă Los Angeles nâa pas manquĂ© de faire grincer des dents. Et pour cause la publication dâUn personnage de roman, en 2017, trĂšs tendre envers Macron, donne Ă lâaffaire des airs de faveur accordĂ©e par le monarque Ă son lettrĂ© courtisan. Si lâĂ©pisode a dĂ©jĂ Ă©tĂ© largement commentĂ©, il est possible de lâanalyser sous un autre angle en sâintĂ©ressant aux liens entre les Ă©crivain-e-s ou plus largement la littĂ©rature et lâinstitution prĂ©sidentielle en France. Car Macron nâest pas le premier Ă mobiliser la sphĂšre littĂ©raire dans son exercice du pouvoir, que ce soit du point de vue de sa relation aux Ă©crivains ou de la mise en scĂšne de sa culture littĂ©raire. En fait, il ne fait que tenter de se placer dans le sillage dâune tradition française du leader lettrĂ© que dâautres ont façonnĂ©e avant lui. LâhabiletĂ© dâEmmanuel Macron dans lâincarnation de la fonction prĂ©sidentielle nâest, Ă peine plus dâun an aprĂšs son Ă©lection, plus Ă dĂ©montrer. Son image trĂšs travaillĂ©e, sa communication ultra verrouillĂ©e et sa convocation constante de lâimaginaire monarchique dĂ©montrent son souci dâincarner une verticalitĂ© du pouvoir en France. Au sein de cet imaginaire, il est un Ă©lĂ©ment qui semble provoquer depuis un long moment, dans la sociĂ©tĂ© française, une forme dâadhĂ©sion inĂ©galĂ©e le goĂ»t et la maĂźtrise de la littĂ©rature. Si les prĂ©dĂ©cesseurs de Macron, Ă savoir Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ne se sont pas particuliĂšrement illustrĂ©s dans ce domaine, force est de constater que le leader dâEn Marche sâest employĂ© Ă mobiliser ce que le sociologue Bernard Pudal appelle la âsymbolique lettrĂ©eâ[1]. Il suffit pour sâen convaincre de lire lâinterview accordĂ©e Ă la prestigieuse NRF au mois de mai dernier, dans laquelle Macron cĂ©lĂšbre avec passion le patrimoine littĂ©raire national. Mentionnons Ă©galement le portrait officiel du monarque rĂ©publicain, qui fait se juxtaposer smartphones et exemplaires des Nourritures terrestres de Gide, du Rouge et le noir de Stendhal et des MĂ©moires de guerre de de Gaulle. Ces Ă©lĂ©ments montrent dĂ©jĂ Ă quel point la littĂ©rature constitue pour Macron un outil dâincarnation indispensable pour le rĂ©gime prĂ©sidentialiste quâest la Ve RĂ©publique. Le Premier ministre Edouard Philippe nâest toutefois pas en reste. Auteur dâun ouvrage exhortant les politiques Ă lire, il sâest fendu, le 4 juillet dernier, dâune rĂ©plique de Cyrano de Bergerac dans une joute oratoire Ă lâAssemblĂ©e. Visiblement passionnĂ© de littĂ©rature, Philippe semble lui aussi tenter de sâinscrire dans le sillage des hommes politiques lettrĂ©s. Mais de quel hĂ©ritage se rĂ©clament alors Emmanuel Macron et son Premier ministre ? La littĂ©rature est-elle un simple outil de communication politique en France, ou bien rentre-t-elle en interaction plus profonde avec les responsables politiques ? La littĂ©rature une institution sacralisĂ©e au sein de la sociĂ©tĂ© française Historiens et politistes ont dĂ©jĂ montrĂ© le lien de longue durĂ©e qui unit, en France, la littĂ©rature Ă la politique, notamment via les Ă©lites. Lâhistorien de la littĂ©rature Paul BĂ©nichou [2] a par exemple analysĂ© la dynamique plurisĂ©culaire de sacralisation de la littĂ©rature au sein de la sociĂ©tĂ© française selon lui, la figure de lâĂ©crivain aurait mĂȘme peu Ă peu supplantĂ© le magistĂšre moral du clergĂ©, son autoritĂ© spirituelle venant combler une crise de lĂ©gitimitĂ© des Ă©lites politiques et religieuses. En dĂ©coule une vĂ©ritable croyance, en France, dans le pouvoir spirituel de la littĂ©rature et des Ă©crivains. Cette croyance est façonnĂ©e et entretenue par des institutions profondĂ©ment ancrĂ©es dans la sociĂ©tĂ© lâĂ©cole produit et vĂ©hicule les âclassiques scolairesâ ; elle forme Ă©galement, jusquâau premier XXe siĂšcle, des Ă©lites socio-politiques par les lettres par le biais des âserresâ que sont la khĂągne et lâEcole Normale SupĂ©rieure, selon lâexpression de lâhistorien Jean-François Sirinelli [3]. Le champ littĂ©raire oscille alors entre autonomisation grandissante en se dotant de ses propres institutions, comme les prix littĂ©raires, surtout au dĂ©but du XXe siĂšcle et proximitĂ© avec la sphĂšre politique lâAcadĂ©mie française, premiĂšre institution littĂ©raire française, garde un lien important avec le pouvoir, par exemple. IntĂ©ressons-nous au cas trĂšs riche de la Ve RĂ©publique. Le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, qui la fonde et dessine par lĂ mĂȘme le sillage dâune pratique prĂ©sidentielle dans lequel ses successeurs tenteront de sâengouffrer, pose dâentrĂ©e de jeu un rapport Ă©troit et fĂ©cond entre pouvoir politique et littĂ©rature. Des politistes comme François Hourmant [4] ou Christian Le Bart [5] ont montrĂ© Ă quel point le premier prĂ©sident de la Ve RĂ©publique a su jouer dâune double identitĂ©, Ă savoir homme politique providentiel ! et Ă©crivain. La mobilisation de lâidentitĂ© dâĂ©crivain, la publication des MĂ©moires de guerre entre 1954 et 1959 contribue Ă individualiser la sphĂšre politique et Ă construire lâimage dâun leader aux qualitĂ©s exceptionnelles. La postĂ©ritĂ© du GĂ©nĂ©ral maintient dâailleurs cette identitĂ© dâĂ©crivain rappelons que les MĂ©moires de guerre ont Ă©tĂ© proposĂ©s Ă lâĂ©tude des candidats au baccalaurĂ©at littĂ©raire en 2012. Pompidou et Mitterrand deux trajectoires marquĂ©es par la littĂ©rature Nous faisons le choix, dans cet article, de dĂ©velopper particuliĂšrement deux cas prĂ©sidentiels ayant succĂ©dĂ© Ă de Gaulle Georges Pompidou, son Premier ministre entre 1962 et 1968, Ă©lu chef de lâEtat en juin 1969, et François Mitterrand, opposant socialiste parvenu au pouvoir en mai 1981. Ces deux hommes politiques semblent en effet cristalliser nombre de points de rencontre entre politique et littĂ©rature au sommet de lâEtat, que ce soit par leur formation secondaire ou supĂ©rieure, leur goĂ»t personnel pour la littĂ©rature, leur culture littĂ©raire, ou leur frĂ©quentation dâautrices et auteurs. Le choix dâĂ©tudier deux prĂ©sidents issus de bords politiques opposĂ©s permet aussi de souligner le caractĂšre universel, en politique, de la valorisation de la littĂ©rature comme institution, voire comme valeur en soi. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique se devant, du moins en apparence, de dĂ©passer les clivages, lâappel Ă la littĂ©rature constitue un moyen efficace de valoriser une spĂ©cificitĂ© nationale. François Mitterrand lisant Ă bord de son avion en 1984. Pompidou et Mitterrand font partie de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration lâun est nĂ© en 1911, lâautre en 1916. Tous deux grandissent en province dans les annĂ©es 1910-1920, dans le Tarn pour Pompidou ; en Charente pour Mitterrand. Historiens et biographes se sont souvent attachĂ©s Ă montrer comment lâenfance a façonnĂ© un rapport singulier au territoire chez lâun comme chez lâautre. Elle correspond aussi pour les deux hommes Ă la genĂšse dâun rapport privilĂ©giĂ© Ă la lecture tous deux insistent, dans leurs diffĂ©rents Ă©crits autobiographiques, sur le temps passĂ© Ă lire, enfants, les classiques grĂ©co-latins ou les romans français du XIXe siĂšcle. Cette appĂ©tence pour la littĂ©rature se traduit par une excellence scolaire dans les matiĂšres littĂ©raires, Ă savoir principalement le latin et le grec, lâhistoire et le français. Elle contribue Ă©galement Ă ancrer lâidĂ©e, chez ces deux futurs hommes politiques, dâune grandeur littĂ©raire française inĂ©galable, faite de classiques et dâincontournables. Ainsi, Georges Pompidou est vite repĂ©rĂ© par ses enseignants Ă Albi, qui le poussent Ă intĂ©grer lâhypokhĂągne du lycĂ©e Pierre-de-Fermat Ă Toulouse, puis, Ă lâaide dâune bourse, la prestigieuse khĂągne du lycĂ©e Louis-le-Grand Ă Paris en 1929. Il rĂ©ussit en 1931 le concours dâentrĂ©e Ă lâEcole normale supĂ©rieure de la rue dâUlm, avant dâĂȘtre reçu major Ă lâagrĂ©gation de lettres classiques en 1935. Lâascension sociale de ce fils dâinstituteurs, eux-mĂȘmes enfants dâagriculteurs, en fait un vĂ©ritable idĂ©al-type du âboursier conquĂ©rantâ[6] de la TroisiĂšme RĂ©publique, qui place les lettres au coeur de lâĂ©lĂ©vation individuelle dans la sociĂ©tĂ©. Louis-le-Grand, Ă©tĂ© 1930. On reconnaĂźt, au premier plan, Georges Pompidou ; au deuxiĂšme, LĂ©opold SĂ©dar Senghor. Il est vrai que la place des lettres dans la formation de François Mitterrand est moins Ă©vidente. Câest par la facultĂ© de droit parisienne et lâEcole libre des sciences politiques que le jeune charentais passe au cours de la deuxiĂšme partie des annĂ©es 1930, suivant une voie toute indiquĂ©e vers une carriĂšre politique. PrĂ©cisons toutefois que le parcours scolaire secondaire du jeune Mitterrand, effectuĂ© dans des institutions privĂ©es catholiques â conformĂ©ment aux origines sociales de sa famille â marque durablement son rapport Ă la littĂ©rature. Le futur socialiste, baignant alors dans un environnement bourgeois et trĂšs conservateur, se familiarise avec une littĂ©rature Ă lâimage de ce milieu marquĂ©e Ă droite, et fortement ancrĂ©e dans un territoire les noms de Jacques Chardonne et de François Mauriac, par exemple, seront par la suite frĂ©quemment mobilisĂ©s par les mĂ©dias pour caractĂ©riser les goĂ»ts littĂ©raires de lâhomme politique. Dans le Paris des annĂ©es 1930, lâĂ©tudiant quâil devient cherche Ă assouvir sa soif de littĂ©rature non seulement en lisant, mais aussi en publiant rĂ©guliĂšrement des critiques littĂ©raires clouant au pilori les Ă©crivains alors considĂ©rĂ©s comme progressistes, Ă lâinstar dâAndrĂ© Gide ou de Louis Aragon ou en se rendant aux confĂ©rences et rencontres littĂ©raires mettant en vedette les grands Ă©crivains de lâĂ©poque. Pour Pompidou comme pour Mitterrand, le temps des apprentissages correspond donc, parallĂšlement Ă leur socialisation politique, Ă un temps de socialisation littĂ©raire particuliĂšrement important, qui dĂ©finit en grande partie leur cadre dâanalyse, leur vision du monde future. Ils sây confrontent, on lâa dit, aux âclassiquesâ, mais commencent Ă©galement Ă se familiariser avec une littĂ©rature plus contemporaine. Ainsi, Mitterrand devient dĂšs la fin du lycĂ©e un inconditionnel de la Nouvelle Revue Française NRF, tandis que Pompidou reste, pour ses anciens camarades de khĂągne et dâUlm parmi lesquels LĂ©opold SĂ©dar Senghor, Julien Gracq, ou des Ă©crivains moins passĂ©s Ă la postĂ©ritĂ© comme Paul Guth ou Henri QueffĂ©lec, celui qui a introduit la littĂ©rature surrĂ©aliste dans la prestigieuse Ă©cole. A lâaube de leur carriĂšre politique, les deux hommes sont donc lestĂ©s dâun bagage littĂ©raire particuliĂšrement riche, Ă une Ă©poque oĂč les sciences humaines et sociales, et particuliĂšrement lâĂ©conomie, nâont pas encore pris lâascendant sur les humanitĂ©s dans la formation des Ă©lites. Il convient, avant de se pencher sur le rĂŽle dâune disposition littĂ©raire en politique, dâĂ©tablir quelques prĂ©cisions sur la culture et les goĂ»ts littĂ©raires des deux hommes. LâĂ©tude approfondie de leurs bibliothĂšques respectives, conservĂ©es en partie par leur famille, fait Ă©merger une tendance lourde et partagĂ©e la prĂ©sence trĂšs majoritaire de la littĂ©rature française, elle-mĂȘme majoritairement reprĂ©sentĂ©e par le roman des XIXe et XXe siĂšcles et la poĂ©sie sur une pĂ©riode allant du XVIIe au XXe siĂšcle. La lecture des grands romanciers français, comme Flaubert, Stendhal, Balzac ou encore Proust, qui deviennent des classiques via le passage par les manuels scolaires, marque durablement les deux hommes. Mais en analysant plus finement leurs bibliothĂšques, on peut aussi observer des spĂ©cificitĂ©s individuelles allant parfois Ă lâencontre des idĂ©es reçues. Ainsi, François Mitterrand est, au-delĂ de ses âmauvaises frĂ©quentations littĂ©rairesâ [7] qui crispent la gauche Chardonne, BarrĂšs, Maurras, etc., un grand lecteur dâĂ©crivains latino-amĂ©ricains, et notamment de Pablo Neruda, Jorge Luis Borges ou Gabriel GarcĂa MĂĄrquez. Quant Ă Pompidou, il se passionne pour des mouvements littĂ©raires contemporains, et notamment pour le Nouveau Roman. Ces lectures, Mitterrand comme Pompidou les intĂšgrent pleinement Ă leur grille de lecture des problĂšmes politiques ; elles sont partie prenante dâune esthĂ©tisation constante de lâexercice du pouvoir qui leur permet de rĂ©soudre leur paradoxe personnel, entre goĂ»t pour la crĂ©ation et nĂ©cessitĂ© dâaction. La littĂ©rature, ressource politique et outil de communication DĂšs lors, la littĂ©rature agit comme une vĂ©ritable matrice dans les trajectoires des deux hommes politiques. Si elle est Ă lâorigine de sensibilitĂ©s particuliĂšres, de cette âvision du mondeâ trĂšs difficile Ă dĂ©finir, elle est Ă©galement une ressource politique. Pompidou et Mitterrand construisent effectivement, plus ou moins consciemment, leur identitĂ© dâhommes de lettres. Ainsi, Georges Pompidou ne manque pas de rappeler, lors dâinterviews ou de confĂ©rences de presse, sa qualitĂ© de professeur de lettres, profession quâil exerce une petite dizaine dâannĂ©es Ă lâissue de sa formation Ă lâENS. Surtout, il truffe ses discours de rĂ©fĂ©rences littĂ©raires lancĂ©es Ă brĂ»le-pourpoint, rĂ©cite par coeur des strophes, use de tournures et figures de style littĂ©raires. Lâhomme politique nâhĂ©site dĂšs lors pas Ă faire appel au magistĂšre moral de lâĂ©crivain, fĂ»t-il avant-gardiste et progressiste. Pompidou affectionne en effet la littĂ©rature et lâart dâavant-garde, qui lui permettent de nuancer son image marquĂ©e par un grand conservatisme. Si le deuxiĂšme prĂ©sident de la Ve RĂ©publique ne semble pas avoir marquĂ© les esprits autant que de Gaulle ou Mitterrand, il nâest pas anodin quâun des rares Ă©pisodes pompidoliens Ă©tant passĂ©s Ă la postĂ©ritĂ© soit la confĂ©rence de presse donnĂ©e par le PrĂ©sident en septembre 1969 au sujet de lâaffaire Gabrielle Russier, au cours de laquelle il rĂ©pond Ă une question dĂ©licate en citant, de tĂȘte, des vers dâEluard. Pour beaucoup, Pompidou reste aussi lâauteur dâune Anthologie de la poĂ©sie française parue en 1961 et proposant somme toute un Ă©chantillon trĂšs classique et policĂ© du domaine, parfois Ă©loignĂ© de ses goĂ»ts personnels sâil voue un vĂ©ritable culte Ă Baudelaire, Pompidou est aussi un lecteur fervent dâoeuvres contemporaines, Ă lâaffĂ»t des diffĂ©rentes sorties littĂ©raires. Si lâĂ©tude de ses correspondances de jeunesse laisse deviner une vĂ©ritable ambition littĂ©raire, Pompidou, dĂ©cĂ©dĂ© en 1974 Ă lâĂąge de 62 ans, nâa jamais pu combiner sa carriĂšre politique avec son dĂ©sir dâĂ©criture et de gloire littĂ©raire. On observe ici un point commun de taille avec Mitterrand les deux hommes semblent en effet avoir bĂąti leur carriĂšre politique sur le deuil dâune carriĂšre dâĂ©crivain, de la grandeur littĂ©raire. Mitterrand a maintes fois confessĂ© aux mĂ©dias son regret de nâĂȘtre pas devenu Ă©crivain. François Hourmant a dâailleurs montrĂ© comment le socialiste a beaucoup flirtĂ©, notamment au cours des annĂ©es 1970, en pleine âprĂ©sidentiabilisationâ de son image, avec lâidentitĂ© dâĂ©crivain. Il publie ainsi deux recueils de chroniques Ă succĂšs La Paille et le Grain et lâAbeille et lâArchitecte et affirme son statut dâauteur sur plateau dâApostrophes Ă deux reprises, en 1975 et 1978. LâambiguĂŻtĂ© permanente entretenue par Mitterrand Ă ce sujet dĂ©note la grande proximitĂ©, voire la porositĂ© entre grandeurs littĂ©raire et politique, qui dialoguent particuliĂšrement au sein de la sociĂ©tĂ© française pensons aux personnages de Lamartine, Chateaubriand, Hugo, etc.. Les mĂ©dias jouent en effet un rĂŽle trĂšs important dans la mise en scĂšne de la posture lettrĂ©e lâexpression est de C. Le Bart chez Pompidou et Mitterrand. Lâessor de lâaudiovisuel, lâapparition dâĂ©missions littĂ©raires, lâintroduction de la tĂ©lĂ©vision dans la vie privĂ©e des femmes et hommes politiques contribue Ă la mise en valeur de leur rapport Ă la littĂ©rature. Dans cette mesure, lâoffre mĂ©diatique semble indiquer, en creux, la permanence dans la sociĂ©tĂ© française du second XXe siĂšcle dâune croyance dans la littĂ©rature, dont on cherche lâĂ©cho dans les qualitĂ©s personnelles des dirigeants politiques. Le mĂ©dia se pose en intermĂ©diaire entre les Ă©lecteurs dĂ©sireux de mieux connaĂźtre les Ă©lites politiques, et des politiciens avides dâune mise en rĂ©cit de leur trajectoire personnelle, Ă lâintĂ©rieur de laquelle la littĂ©rature joue un rĂŽle particulier. La sociabilitĂ© littĂ©raire au cĆur de lâElysĂ©e Ces interactions trĂšs poussĂ©es entre sphĂšres politique et littĂ©raire, nous les retrouvons aussi Ă lâintĂ©rieur mĂȘme de lâElysĂ©e. A la tĂȘte du pays, Pompidou et Mitterrand ont tous deux profitĂ© de leur position pour renforcer leurs liens avec les Ă©crivains, voire pour encourager la crĂ©ation littĂ©raire. LâĂ©tude des archives prĂ©sidentielles montre la frĂ©quence des invitations dâĂ©crivains Ă dĂ©jeuner ou dĂźner, particuliĂšrement lorsque Mitterrand Ă©tait locataire du Palais. Françoise Sagan, Marguerite Duras, Michel Tournier, Gabriel GarcĂa MĂĄrquez, Milan Kundera⊠font partie des Ă©crivains avec qui le socialiste tisse des liens profonds, ce qui ne lâempĂȘche pas de les mettre en scĂšne mĂ©diatiquement. Quant Ă Pompidou, il maintient de nombreux liens avec ses anciens camarades de khĂągne et dâUlm, surtout avec son ami Senghor devenu prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal en 1960 et poĂšte reconnu. Georges Pompidou et LĂ©opold SĂ©dar Senghor en 1971 Ă Dakar. Entre ces prĂ©sidents et les Ă©crivains se joue Ă©galement un jeu fait de gratifications mutuelles aux manifestations dâallĂ©geance de la part dâĂ©crivains peuvent rĂ©pondre des dĂ©corations diverses du type LĂ©gion dâhonneur, plus ou moins valorisĂ©es dans les milieux littĂ©raires. François Mitterrand a particuliĂšrement dĂ©veloppĂ© ces pratiques que lâon pourrait qualifier de âcourâ avec les Ă©crivains et intellectuels prĂ©sents dans son entourage. DĂ©sireux dâĂȘtre vu Ă leurs cĂŽtĂ©s, le prĂ©sident nâhĂ©sitait pas Ă jouer de la lumiĂšre que le pouvoir apporte Ă quiconque sâen approche pour attirer les jeunes pousses littĂ©raires. Voyages, rĂ©ceptions, visites Ă domicile⊠ont Ă©tĂ© les vecteurs de cette sociabilitĂ© littĂ©raire plus ou moins mondaine, dont les archives prĂ©sidentielles gardent de nombreuses traces. Françoise Sagan et François Mitterrand en 1992. Notons enfin que Pompidou comme Mitterrand aiment sâentourer, au pouvoir, de âlittĂ©rairesâ, quâil sâagisse de diplĂŽmĂ©s de lâENS pour Pompidou, ou dâĂ©crivains pour Mitterrand le rĂŽle de conseillers quâont jouĂ© auprĂšs de lui les Ă©crivains Erik Orsenna et RĂ©gis Debray est bien connu. Le socialiste nomme mĂȘme lâĂ©crivain François-RĂ©gis Bastide, dont il est proche, au rang dâambassadeur de France. Cette tendance est loin dâĂȘtre anecdotique elle dĂ©montre la foi de ces deux hommes dans la compĂ©tence des individus formĂ©s par la littĂ©rature, autant voire plus que celle des Ă©conomistes, experts et autres technocrates. Selon lâhistorienne Sabrina Tricaud dans sa thĂšse consacrĂ©e Ă lâentourage de Georges Pompidou [8], ce dernier, pourtant passĂ© par la banque Rothschild et formĂ© Ă lâĂ©conomie et aux finances, aurait formulĂ© trĂšs clairement le dĂ©sir dâun gouvernement âpar les littĂ©rairesâ. Plus encore, chez Mitterrand, la tendance Ă confier des postes aux hommes et femmes de lettres qui lâentourent peut aussi sâapparenter Ă une logique de don et de contre-don, sacralitĂ©s politique et littĂ©raire pouvant se nourrir mutuellement. La littĂ©rature a donc traversĂ© par de nombreux biais les trajectoires personnelles de Georges Pompidou et de François Mitterrand. Mais, en creux, câest le poids de lâinstitution littĂ©raire au sein de la sociĂ©tĂ© française que lâĂ©tude de ces deux trajectoires montre particuliĂšrement importante dans la formation des Ă©lites au cours du premier XXe siĂšcle, la littĂ©rature entre trĂšs souvent en interaction avec le pouvoir ; elle est une vĂ©ritable ressource politique en ce quâelle forge des visions du monde et se convertit en outil de sĂ©duction politique. Si la France de lâaprĂšs-Seconde Guerre mondiale est le théùtre de profondes mutations dans la formation des Ă©lites, avec lâapparition de lâENA ou encore dâHEC qui amenuise le poids de la littĂ©rature et des humanitĂ©s dans les cadres cognitifs des dirigeants, on observe une permanence de lâinfluence de la littĂ©rature dans notre sociĂ©tĂ©. La lĂ©gitimitĂ© littĂ©raire cĂŽtoie dĂ©sormais dâautres formes de lĂ©gitimitĂ©, plus techniques nous avons parlĂ© du rĂŽle croissant de lâĂ©conomie dans la lĂ©gitimation politique. Câest cette nĂ©cessaire hybridation, qui constitue peut-ĂȘtre une spĂ©cificitĂ© française, que Macron a bien comprise le diplĂŽmĂ© de lâENA et dâHEC, qui nâa jamais rĂ©ussi Ă intĂ©grer lâENS, veille, comme Pompidou a pu le faire il y a cinquante ans, Ă pondĂ©rer son image de technocrate et de banquier en mettant en valeur sa sensibilitĂ© littĂ©raire. Son expĂ©rience auprĂšs du philosophe Paul Ricoeur est Ă cet effet particuliĂšrement valorisĂ©e dans la grande mise en rĂ©cit de la trajectoire macronienne, qui vise Ă forger lâimage du âgrand hommeâ si nĂ©cessaire Ă la construction du leadership dans la Ve RĂ©publique. RĂ©fĂ©rences [1] Pudal Bernard, Les usages politiques de la symbolique lettrĂ©e 1981-1995 », in Bernadette Seibel dir., Lire, Faire lire. Des usages de lâĂ©crit aux politiques de lecture, Paris, Le Monde Ăditions, 1995. [2] BĂ©nichou Paul, Le sacre de lâĂ©crivain, 1750-1830 essai sur lâavĂšnement dâun pouvoir spirituel laĂŻque dans la France moderne, Paris, Gallimard, 1996. [3] Sirinelli Jean-François, âSerres ou laboratoires de la tradition politique? Les khĂągnes des annĂ©es 1920â, in Pouvoirs, 1987, n°42. [4] Hourmant François, François Mitterrand, le pouvoir et la plume. Portrait dâun prĂ©sident en Ă©crivain, Paris, Presses Universitaires de France, 2010. [5] Le Bart Christian, La politique en librairie les stratĂ©gies de publication des professionnels de la politique, Paris, A. Colin, 2012. [6] Sirinelli Jean-François, âUn boursier conquĂ©rantâ, in Groshens Jean-Claude et Sirinelli Jean-François, Culture et action chez Georges Pompidou, Paris, PUF, 2000. [7] Fougeron Lucie et DehĂ©e Yannick, Le prĂ©sident et les Ă©crivains. Les frĂ©quentations littĂ©raires de François Mitterrand », in Serge Bernstein, Pierre Milza et Jean-Louis Bianco dir., François Mitterrand, les annĂ©es du changement, Paris, Perrin, 2001. [8] Tricaud Sabrina, Lâentourage de Georges Pompidou institutions, hommes et pratiques, P. Lang, 2014. CrĂ©dits imagesĂcrivainset philosophes de la Route CĂ©zanne. Pascale Cougard, 26 juin 2022 . Ce texte est une réécriture des confĂ©rences donnĂ©es pour la Route CĂ©zanne piĂ©tonne du 26 septembre 2021 et du 26 juin 2022. Les leçons de CĂ©zanne et les Ă©crivains. Espace couleur de pomme. Espace, brĂ»lant compotier RenĂ© Char,Contre une maison sĂšche « Une route sait
Devenue en quelques semaines un des nouveaux visages du fĂ©minisme, l'Ă©lue Ă©colo parisienne et activiste lesbienne Alice Coffin, qui sort mercredi un livre, assume de cibler les hommes dans ses combats militants comme politiques, quitte Ă cliver. A 42 ans, cette journaliste de formation a fait une entrĂ©e remarquĂ©e en politique en rĂ©clamant en juillet le dĂ©part du maire-adjoint Ă la Culture de Paris, Christophe Girard, critiquĂ© pour ses liens avec l'Ă©crivain Gabriel Matzneff, mis en cause pour viols sur mineurs. Au lendemain d'une manifestation qui a conduit Ă la dĂ©mission surprise de ce proche d'Anne Hidalgo, Alice Coffin explose en plein conseil de Paris, criant "la honte, la honte" pendant qu'un hommage lui est rendu. "C'Ă©tait fou de l'encenser comme ça. J'avais lu l'article du New York Times sur sa proximitĂ© avec Matzneff et je me disais que pour cette raison, symboliquement, il ne pouvait pas accĂ©der au pouvoir", raconte Ă l'AFP cette femme aux yeux clairs, courts cheveux blonds en bataille, assurant qu'elle ignorait tout Ă l'Ă©poque des accusations de viol aujourd'hui portĂ©es contre l'ancien adjoint. Alice Coffin pose le 21 septembre 2020 Ă Paris AFP - JOEL SAGET AprĂšs un Ă©tĂ© "compliquĂ©", elle sort mercredi chez Grasset son premier ouvrage, "Le gĂ©nie lesbien", un "livre de combat" contre "l'invisibilitĂ© des lesbiennes" mais aussi "l'androbsession". - BlacklistĂ©e - ĂrigĂ©e en "nouvelle harpie du fĂ©minisme" par l'hebdomadaire Valeurs actuelles, accusĂ©e d'ĂȘtre excessive, soutenue par son groupe Ă©cologiste mais blacklistĂ©e par la majoritĂ© parisienne... Alice Coffin divise et subit insultes et menaces sur les rĂ©seaux sociaux, ce qui lui a valu d'ĂȘtre sous protection policiĂšre en aoĂ»t. "Ce qu'on me reproche - et c'est ce que je veux montrer dans le livre - c'est que j'ose pointer les hommes, leurs privilĂšges et refuser tout ce discours de la complĂ©mentaritĂ© entre les hommes et les femmes", justifie l'Ă©lue, qui n'a "pas peur de prendre la parole". RĂ©cemment, elle a vu ressortir des images de 2018, oĂč elle dĂ©clare sur la chaĂźne RT lors d'une mobilisation contre la PMA "Ne pas avoir un mari m'expose plutĂŽt Ă ne pas ĂȘtre violĂ©e, ne pas ĂȘtre tuĂ©e, ne pas ĂȘtre tabassĂ©e". Soutenue via le hashtag JeSoutiensAliceCoffin, elle se voit cependant reprocher par Anne Hidalgo de se battre "pas pour l'Ă©galitĂ© des droits" mais "pour le droit Ă la diffĂ©rence", et est taxĂ©e de "pensĂ©e binaire" par la philosophe Elisabeth Badinter. "Je sais qu'en choisissant la gĂ©nĂ©ralisation je dĂ©plais, car c'est impossible Ă entendre qu'il y a un problĂšme masculin", poursuit celle qui enseignait depuis 2012 le journalisme Ă l'Institut catholique de Paris et n'a pas Ă©tĂ© reconduite Ă la rentrĂ©e. "Mais c'est un discours politique, bien sĂ»r que je ne pense pas que chaque homme est comme ça". NĂ©e en 1978 Ă Toulouse, oĂč ses deux parents Ă©tudiaient l'aĂ©ronautique, cette aĂźnĂ©e d'une fratrie de six a ensuite grandi Ă Paris. Elle entre dans l'activisme en 2010 en rejoignant sa mĂšre, Colette, dans le collectif La Barbe, oĂč les militantes s'introduisent grimĂ©es de fausses barbes dans des rĂ©unions essentiellement composĂ©es d'hommes assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales d'entreprises, confĂ©rences pour y dĂ©noncer la domination masculine des lieux de pouvoirs. - "Les Z'amours" - "Elle y a forgĂ© un activisme trĂšs concret mais aussi pris des coups, au sens littĂ©ral du terme", se rappelle la militante Veronica Noseda, son amie depuis 10 ans, qui a jouĂ© dans la mĂȘme Ă©quipe de foot fĂ©minin "Les dĂ©gommeuses". Pour elle, "il y a un dĂ©calage entre l'image construite par ses adversaires et ce qu'elle est une femme chaleureuse, Ă l'Ă©coute, d'une grande Ă©nergie et inventivitĂ©". En 2018, elles claquent ensemble la porte d'une rĂ©union sur la PMA avec Emmanuel Macron, Ă laquelle elles s'Ă©taient invitĂ©es, critiquant "l'effacement total des lesbiennes sur ce sujet". Cofondatrice en 2013 de l'Association des journalistes LGBT AJL et porte-voix de la ConfĂ©rence europĂ©enne des lesbiennes, elle raconte dans son livre comment elle a convaincu sa compagne depuis six ans de participer Ă l'Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e "les Z'amours", oĂč des couples viennent partager leur quotidien. Regrettant qu'elles n'aient finalement jamais Ă©tĂ© rappelĂ©es.
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Cesont les Ă©crivains dans la guerre. Pour ce premier texte de notre sĂ©rie « Ăcrivains dans les tranchĂ©es », Le Devoir se penche sur Stendhal, TolstoĂŻ et Barbusse. Depuis que le
Le jeu simple et addictif CodyCross est le genre de jeu oĂč tout le monde a tĂŽt ou tard besoin dâaide supplĂ©mentaire, car lorsque vous passez des niveaux simples, de nouveaux deviennent de plus en plus difficiles. Plus tĂŽt ou plus tard, vous aurez besoin dâaide pour rĂ©ussir ce jeu stimulant et notre site Web est lĂ pour vous fournir des CodyCross Ăcrivain critiquant la sociĂ©tĂ© et les hommes rĂ©ponses et dâautres informations utiles comme des astuces, des solutions et des astuces. Ce jeu est fait par le dĂ©veloppeur Fanatee Inc, qui sauf CodyCross a aussi dâautres jeux merveilleux et dĂ©routants. Si vos niveaux diffĂšrent de ceux ici ou vont dans un ordre alĂ©atoire, utilisez la recherche par indices ci-dessous. CodyCross Cirque Groupe 94 Grille 2MORALISTE
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