QUAND DANTE PEINT DANTE. Du 18 mars au 12 juin 2022 lâexposition "Les tĂ©nĂšbres et la lumiĂšre" au chĂąteau de Castries prĂ©sente une sĂ©rie d'Ćuvres de Giorgio Dante. Lâartiste, peintre figuratif italien contemporain, est reconnu pour son style dont la technique et le rĂ©alisme sont directement inspirĂ©s des Ćuvres de Michel-Ange et de LĂ©onard De Vinci et de lâacadĂ©misme des peintres du XIXe siĂšcle. Lâexposition, fruit dâun partenariat entre le Consulat GĂ©nĂ©ral dâItalie de Marseille, Montpellier MĂ©diterranĂ©e MĂ©tropole et la ville de Castries, prĂ©sente des scĂšnes emblĂ©matiques de la Divine ComĂ©die Ă©crite par Dante Alighieri il y a plus de 700 ans. Le cĂ©lĂšbre poĂšme italien raconte comment Dante Alighieri entame un long voyage pour racheter ses pĂ©chĂ©s. Il traverse ainsi lâEnfer, le Purgatoire et le Paradis dâoĂč il tire des leçons morales pour le salut des hommes. Les tableaux de Giorgio Dante mettent en images des scĂšnes de ce rĂ©cit, permettant ainsi de mieux saisir la maniĂšre dont les hommes du Moyen Ăge envisageaient les mondes de lâau-delĂ . AprĂšs le succĂšs quâelle a rencontrĂ© au Palais des Papes fin 2021, lâexposition est dĂ©sormais prĂ©sentĂ©e au rez-de-chaussĂ©e du chĂąteau de Castries. La prestance du bĂątiment contribue Ă mettre en lumiĂšre la finesse et la qualitĂ© des peintures. L'exposition est en accĂšs libre et gratuit. De plus, des visites guidĂ©es 1h gratuites et sur rĂ©servation permettront de mieux comprendre les liens entre les tableaux et la Divine ComĂ©die, les Ă©vĂ©nements historiques ayant influencĂ© celle-ci et le discours de Giorgio Dante au travers de ses Ćuvres. Calendrier des visites - Dimanche 17 avril 10h30- Samedi 30 avril 10h30- Dimanche 15 mai 10h30- Samedi 28 mai 10h30- Dimanche 12 juin 10h30 RĂ©servation des places en ligne sur en cliquant sur "Billetterie" dans la rubrique "AccĂšs direct" sur la droite de votre Ă©cran, par mail hugo et par tĂ©lĂ©phone au du mercredi au dimanche de 14h Ă 18h uniquement. Visites de groupes dĂ©jĂ constituĂ©s possibles, sur rĂ©servation par tĂ©l ou mail.
ASSALAMALEYKOUM Le meilleur bienfait dont Allah nous a comblé c'est celui de l'Islam.Les habitants de la terre étaient, avant l'arrivée de l'Islam, dans des ténÚbres profonds et un égarement manifeste sauf un groupe des gens du Livre (les chrétiens) et certaines personnes qui suivaient la religion monothéiste d'Abraham. les habitants de la terre eurent alors un besoin
Une seule chose compte finalement dans la vie accepter Dieu ou le refuser! Si on lâaccepte, on entre dans la LumiĂšre; si on le refuse, on reste dans les TĂ©nĂšbres. Cette façon de voir les choses nous vient de lâĂvangile et plus prĂ©cisĂ©ment de saint Jean, auteur du 4e Ă©vangile. Dom Guillerand nous lâexplique dans son commentaire du Prologue La LumiĂšre luit dans les tĂ©nĂšbres et les tĂ©nĂšbres ne lâont pas reçue Jean 1, 5 Pour pĂ©nĂ©trer tout ce Prologue, comme aussi bien tout ce quatriĂšme Ă©vangile, il faudrait ĂȘtre entrĂ© dans lâĂąme de saint Jean, il faudrait sâĂȘtre laissĂ© transporter par lui dans ces profondeurs de la vie divine oĂč on sent si nettement quâil avait, lui, sa demeure et sa vie. Pour lui, Dieu est LumiĂšre. La vie de Dieu, câest la manifestation de cette lumiĂšre. Elle est faite Ă©ternellement par le PĂšre au Verbe et câest ce quâil nous vient de dire Au commencement Ă©tait le Verbe; il avait sa rĂ©sidence en Dieu, il Ă©tait Dieu; il Ă©tait la Vie; toute vie, tout ĂȘtre, tout mouvement dâĂȘtre est en lui, et il Ă©tait aussi la lumiĂšre des hommes ». VoilĂ le monde divin; voilĂ , en quelques mots, le tableau de ce monde; un principe qui est ocĂ©an, source. LĂ , tout ĂȘtre, toute vie. De lĂ , toute manifestation dâĂȘtre et de vie, donc toute lumiĂšre. Hors de lĂ , les tĂ©nĂšbres. Les tĂ©nĂšbres ne sont pas; les tĂ©nĂšbres, câest lâabsence de lumiĂšre. Mais la LumiĂšre peut se donner aux tĂ©nĂšbres. Elle peut se rĂ©pandre hors dâelle-mĂȘme. Cette expansion extĂ©rieure nâest pas une nĂ©cessitĂ© pour elle. Rien ne lui est nĂ©cessaire quâelle-mĂȘme; elle est tout, elle trouve tout en elle-mĂȘme. Pourtant, elle aime se rĂ©pandre, car elle nâest rien autre que lâĂtre qui est. Or, lâĂtre se donne autant quâil est. LâĂtre essentiel est le don de soi essentiel. La LumiĂšre ne veut et ne peut quâĂ©clairer. Dans la mesure oĂč elle le fait, les tĂ©nĂšbres reculent. La lumiĂšre dont parle ici saint Jean est la divine LumiĂšre dont il a Ă©tĂ© le disciple et lâami, quâil a contemplĂ©e, aimĂ©e, accueillie dans sa manifestation terrestre. Les tĂ©nĂšbres ce sont les Ăąmes fermĂ©es Ă ce divin rayon. Nous sommes lĂ sur le terrain spirituel et surnaturel. Tout le quatriĂšme Ă©vangile nous y tient sans cesse Je suis la lumiĂšre du monde, dit le MaĂźtre aimĂ© du disciple aimant ⊠Celui qui me suit ne marche pas dans les tĂ©nĂšbres » Jean 8, 12. La lumiĂšre qui lâĂ©claire, câest la LumiĂšre qui est Vie, câest la LumiĂšre qui rayonne pour se donner, qui se donne pour quâon la voie, et qui vivifie en se montrant. Mais tous ne la voient pas. Il y a des demeures qui se ferment. Celles qui lâaccueillent deviennent lumineuses; la LumiĂšre sâenfante en elles; elle y reproduit son Ă©clat et sa chaleur qui sont ses traits; elles deviennent filles de lumiĂšre ». Les autres restent dans la nuit ce sont les filles des tĂ©nĂšbres ». Les premiĂšres sâouvrent Ă la Vie, les secondes Ă la mort. Les unes et les autres se donnent et vivent de ce don. Mais les premiĂšres se donnent Ă la vraie vie et vivent vraiment, et les secondes se donnent Ă des ombres et nâont que lâombre de la Vie. Les longs siĂšcles qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la venue de JĂ©sus sont en ce court verset. Pour saint Jean, une seule chose compte, et il a raison lâattitude que lâon prend Ă lâĂ©gard de la LumiĂšre. On lâaccepte ou on la refuse; si on lâaccepte on la voit, on voit quâelle se donne, on se donne comme elle se donne, et câest la vie. Si on la refuse, on reste dans les tĂ©nĂšbres, on ne voit que ce qui nâest pas on sâunit Ă ce qui nâest pas ⊠et câest la mort. La littĂ©rature chrĂ©tienne, tous les PĂšres de lâĂglise, les thĂ©ologiens, les auteurs spirituels, ne peuvent que redire cela, sans jamais atteindre Ă la profondeur des mots si brefs du disciple au regard dâamour. » Ăcrits spirituels, tome 1, page 103 sUnemĂ©taphysique de la lumiĂšre et des tĂ©nĂšbres. Fludd paraĂźt profondĂ©ment marquĂ© par la condamnation paulinienne des philosophes qui tentent de dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© par la seule raison plutĂŽt que par la mĂ©ditation de la parole divine. Aussi sa pensĂ©e s'appuie-t-elle avant tout sur la Bible. Cependant, elle puise aussi abondamment dans les Ă©crits d'HermĂšs TrismĂ©giste (que
LE MONDE DâAPRĂS 39 Vendredi 15 octobre 2021 Nouvelle parution UNE CLE DE LUMIERE Il nâest pas toujours facile de voir le meilleur en lâautre, dans une relation oĂč les travers de la personnalitĂ© â lâego » â prennent le dessus, entraĂźnant la mĂ©fiance, lâincomprĂ©hension, les querelles. Lâun rĂ©duit lâautre Ă ce quâil lui reproche, perdant de vue Dieu prĂ©sent en chacun. Ainsi, dans une histoire illustrant les 22 Principes de la morale dâAge dâOr Le Flambeau dâUnitĂ© p. 344, un jeune homme interroge un vieil Ermite Comment pourrai-je voir Dieu Tout Puissant en chacun, alors que chaque jour je me dispute avec un frĂšre, une sĆur, un parent, un ami, un ennemi rencontrĂ© sur le chemin ? â Bonne question, jeune homme ! Il te suffira dâappliquer le Principe de la priĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ©e offerte Ă Dieu Tout Puissant prĂ©sent en chacun pour que tombent les voiles tâempĂȘchant de voir cette LumiĂšre dâUnitĂ© scintillant en chacun. [1] [2]. La priĂšre est une ClĂ© de LumiĂšre, un vĂ©ritable laser dĂ©chirant les tĂ©nĂšbres de la peur de lâautre. La priĂšre câest un peu comme la prise que tu introduirais dans le rĂ©ceptacle du courant Ă©lectrique. Elle est sans frontiĂšre, la LumiĂšre de ta priĂšre, si tu sais Ă tout instant vouloir le bonheur dâautrui mĂȘme de tes ennemis. » [1] Cf. post 7 Se recentrer sur soi » [2] Cf. post 23 Pardonner Ă autrui » ***** ClĂ©de la LumiĂšre et des TĂ©nĂšbres Un Bourdonnement dâĂ©toile Eveil Les Aventures de la CĂŽte EnchevĂȘtrĂ©e Guide du Raid "Dernier VĆu" PremiĂšre Ă©tape : Kalli, La Corrompue DeuxiĂšme Sous le soleil des tĂ©nĂšbres FrĂšre RĂ©mi-Michel Marin Lamellet op Eclipse de soleil Ă Venise, Ippolito Caffi, 1842. Deux soleils aux deux extrĂ©mitĂ©s lâun des tĂ©nĂšbres, et lâautre dâembrasement. » 30e priĂšre, GrĂ©goire de Narek Jour 1 â DĂ©part Je vais vous faire un aveu mes soeurs jâai peur du noir. Mais qui nâa jamais eu peur de la nuit ? MĂȘme dans un lieu clĂŽt, familier et sans danger. MĂȘme nos couvents ont leurs lots de veilleuses et dâallumage automatique, lĂ oĂč ce nâest pas toujours nĂ©cessaire. Je peux vous le dire je suis le premier Ă craindre un cloĂźtre trop sombre ou une sacristie tĂ©nĂ©breuse. Câest toi, Seigneur, ma lampe, Dieu Ă©claire ma tĂ©nĂšbre. Psaume 18, 29 Face Ă cette frousse du noir, il y a un Dieu qui est LumiĂšre dans les tĂ©nĂšbres. Pour moi, câest cette lumiĂšre qui mâa attirĂ© dĂšs le commencement. Je ne dirais pas que Dieu mâest un phare, car Dieu mâest plus ancre que guide dans la tempĂȘte. Je dirais quâil est une lampe comme une simple lampe de chevet la plus proche et la plus douce. Dieu comme un interrupteur pour dissiper, en un geste, la puissance des tĂ©nĂšbres. Dans les rĂ©flexions que je veux dĂ©rouler avec vous durant cette neuvaine, il nây aurait rien dâoriginal Ă parler de la nuit comme un lieu de rencontre avec Dieu. Les PĂšres, le Carmel et de nombreux saints ont Ă©crit et transmis leur expĂ©rience du dĂ©sert, de la nuit, de la tĂ©nĂšbre lumineuse. Ces expĂ©riences me parlent mais je serais incapable dâen rendre compte. De mĂȘme, il nây aurait rien dâoriginal Ă parler des tĂ©nĂšbres comme symbole et lieu de la puissance du Mal, de la nuit comme lieu du crime et de lâangoisse. Cette rĂ©alitĂ© parle dâelle-mĂȘme. Il y a pourtant cette intuition que je dĂ©sire creuser et que jâaimerais Ă©prouver la tĂ©nĂšbre, câest ce dans quoi je baigne, avec toute ma gĂ©nĂ©ration. Jâaimerais dire jâai baignĂ©, au passĂ©, mais ce serait illusoire de mâen croire sorti. Et jâaimerais dire avec le monde, mais je le connais trop peu. En revanche, je crois connaĂźtre ceux avec qui jâai grandi. Je nous reconnais dans ces paroles du Livre de la Sagesse qui parle dâune des plaies dâĂgypte tous avaient Ă©tĂ© liĂ©s par une mĂȘme chaĂźne de tĂ©nĂšbres » Sg 17, 18 et plus loin car le monde entier Ă©tait Ă©clairĂ© par une lumiĂšre Ă©tincelante et vaquait librement Ă ses travaux ; sur eux seuls sâĂ©tendait une pesante nuit, image des tĂ©nĂšbres qui devaient les recevoir. Mais ils Ă©taient Ă eux-mĂȘmes plus pesants que les tĂ©nĂšbres » Sg 17, 20-21. Je suis liĂ© avec toute ma gĂ©nĂ©ration par une mĂȘme chaĂźne de tĂ©nĂšbres et jâĂ©prouve combien nous sommes un poids pour nous-mĂȘmes. Mais je cultive comme mes semblables une certain amour de la vie, une quĂȘte de sens grave et allĂšgre, un goĂ»t de la rencontre. Ce sont deux constatations contradictoires, et donc je pose cette question quelle est-elle, cette tĂ©nĂšbre ? Quels mots utiliser pour la dĂ©crire et la comprendre ? Car cette tĂ©nĂšbre nâest ni la tĂ©nĂšbre du Mal et de lâenfer, ni la tĂ©nĂšbre lumineuse des contemplatifs qui Ă©pousent la vĂ©ritable inconnaissance de Dieu. Câest entre les deux, ou plus exactement, câest un pied de chaque cĂŽtĂ©. Pour reprendre lâimage de GrĂ©goire de Narek, dans son Livre de priĂšres, il y a ces deux soleils qui nous Ă©clairent, lâun des tĂ©nĂšbres et lâautre dâembrasement. Ils projettent chacun notre ombre, sur chacun sa brĂ»lure. Mon intuition, câest que nous vivons sous le soleil des tĂ©nĂšbres, sans que le soleil dâembrasement ne soit bien loin. Nous y vivons pour certains avec des paupiĂšres cousues, pour dâautres avec les yeux grands ouverts, mais sans jamais les Ă©lever vers le ciel. Ce soleil des tĂ©nĂšbres est au soleil dâembrasement ce que le lac est Ă la mer, ce que la colline est Ă la montagne, ce que la lune mĂȘme est au soleil. En somme, il nous faut ouvrir les yeux et les Ă©lever pour pouvoir comparer. Il faut sonder et mesurer le lac pour considĂ©rer la mer. Il faut bien parcourir la colline pour Ă©prouver lâaltitude de la montagne. Il va nous falloir aiguiser notre regard il en va, in fine, de notre dĂ©sir de distinguer lâidole de Dieu. 800 ans nous sĂ©parent, et pourtant notre PĂšre Saint Dominique a particuliĂšrement oeuvrĂ© dans cette tĂ©nĂšbre. Il y a ce rĂȘve de sa mĂšre, oĂč un chien embrase le monde dâun flambeau dans sa gueule. Il a embrasĂ© ! Mais il y a aussi ce front lumineux » de Saint Dominique que lâon reprĂ©sente par une Ă©toile dans les tableaux, la lumiĂšre douce dâune carte cĂ©leste offerte aux navigateurs que nous sommes. Il serait trop facile de parler dâun faux soleil de lâhĂ©rĂ©sie » combattu par Dominique ma gĂ©nĂ©ration ne connaĂźt plus lâhĂ©rĂ©sie puisquâelle nâa plus aucune foi Ă pervertir. Non, Dominique a diffusĂ© quelque chose de la lumiĂšre divine dans les tĂ©nĂšbres de son Ă©poque, et pour cela, il sâest plongĂ© dedans. Il brilla en effet lui-mĂȘme dans le monde comme lâĂ©toile du matin, et avec lui on vit naĂźtre pour le siĂšcle une nouvelle lumiĂšre dont lâĂ©clat se diffusa partout sur la terre »1. Notre projet pourrait se rĂ©sumer dans ces paroles de Job, par lesquelles il exprime la sagesse inaccessible On met fin aux tĂ©nĂšbres on fouille jusquâĂ lâextrĂȘme limite la pierre obscure et sombre. » Job 28, 3 Jour 2 â La fausse clartĂ© Cesse donc de me fixer, pour me permettre un peu de joie, avant que je mâen aille sans retour au pays des tĂ©nĂšbres et de lâombre Ă©paisse, oĂč rĂšgnent lâobscuritĂ© et le dĂ©sordre, oĂč la clartĂ© mĂȘme ressemble Ă la nuit sombre. » Job 10, 20b-22 Job demande explicitement Ă Dieu de dĂ©tourner son regard de lui. Son regard flamboyant, inquisiteur, un regard de juge impitoyable qui lui enlĂšve le peu de joie qui lui reste sur la terre. Ă cette lumiĂšre flamboyante, il prĂ©fĂšre lâobscuritĂ© toute proche oĂč la clartĂ© mĂȘme nâĂ©claire pas, celle qui permet de se dissimuler, ou du moins de voir sans distinguer, dâĂȘtre perçu sans ĂȘtre vu. Vouloir se cacher est une rĂ©alitĂ© bien humaine. Elle peut ĂȘtre mise au service du mal, et la menace de lâApĂŽtre fait trembler tout ce que lâon fait dans les tĂ©nĂšbres sera un jour portĂ© Ă la lumiĂšre, aux yeux de Dieu et aux yeux de tous. Je crois que cette menace ne fait plus vraiment peur Ă ma gĂ©nĂ©ration il faut sâassumer, et nous avons une profonde exigence de transparence, parfois envahissante. Sâassumer, câest accepter de se mettre sous la lumiĂšre du monde. Cela a du bon mais il y a lĂ quelque chose de ce lieu oĂč, parfois, la clartĂ© mĂȘme ressemble Ă la nuit sombre. Quâest-ce qui relĂšve de cette lumiĂšre tĂ©nĂ©breuse dans nos vies ? Jâassume de vendre mon corps, dâavoir des pensĂ©es suicidaires, je montre tout, tout ce qui touche Ă la dignitĂ© de lâHomme, Ă son intimitĂ©, que lâon met sous une lumiĂšre crue. Une lumiĂšre qui nâĂ©claire rien, ou sinon pour plonger un peu plus dans les tĂ©nĂšbres. LâobscuritĂ© tapie que lâon cherche alors nous Ă©chappe car cette lumiĂšre exclue tout vĂ©ritable refuge. Il existe une comparaison simple et pratique pour lâobjet de notre rĂ©flexion la lumiĂšre tapageuse de notre monde moderne. Je fais appel Ă un auteur japonais Tanizaki. Dans les annĂ©es 30, aprĂšs avoir approfondi sa connaissance de la culture occidentale, il publie son seul et grand essai, LâĂ©loge de lâombre2. Il critique de maniĂšre trĂšs vive lâarrivĂ©e de la lumiĂšre Ă©lectrique dans les intĂ©rieurs japonais, lâĂ©clairage abusif suivant la mode occidentale, pour dĂ©fendre lâapproche japonaise de la lumiĂšre et de lâombre. Son Ă©loge de lâombre dans les demeures japonaises est poignante. Elle rĂ©vĂšle la beautĂ© de lâart japonais conditionnĂ©e par la pĂ©nombre, mais elle va plus loin elle tĂ©moigne dâune expĂ©rience quasi mystique de ce quâil appelle Ă©galement les tĂ©nĂšbres. Nous nous complaisons dans cette clartĂ© tĂ©nue, faite de lumiĂšre extĂ©rieure dâapparence incertaine, cramponnĂ©e Ă la surface des murs de couleur crĂ©pusculaire et qui conserve Ă grand-peine un dernier reste de vie. Pour nous, cette clartĂ©-lĂ sur un mur, ou plutĂŽt cette pĂ©nombre, vaut tous les ornements du monde et sa vue ne nous lasse jamais. [âŠ] En contemplant les tĂ©nĂšbres tapies derriĂšre la poutre supĂ©rieure, Ă lâentour dâun vase de fleurs, sous une Ă©tagĂšre, et tout en sachant que ce ne sont que des ombres insignifiantes, nous Ă©prouvons le sentiment que lâair Ă ces endroits-lĂ renferme une Ă©paisseur de silence, quâune sĂ©rĂ©nitĂ© Ă©ternellement inaltĂ©rable rĂšgne sur cette obscuritĂ©. Et plus loin Les Occidentaux, [âŠ] toujours Ă lâaffĂ»t du progrĂšs, sâagitent sans cette cesse Ă la poursuite dâun Ă©tat meilleur que le prĂ©sent. Toujours Ă la recherche dâune clartĂ© plus vive, ils se sont Ă©vertuĂ©s, passant de la bougie Ă la lampe Ă pĂ©trole, du pĂ©trole au bec de gaz, du gaz Ă lâĂ©clairage Ă©lectrique, Ă traquer le moindre recoin, lâultime refuge de lâombre. Nous souffrons de lâĂ©clairage abusif de notre monde. Câest la lumiĂšre impitoyable et Ă©crasante des autres, la lumiĂšre moderne qui chasse nos derniers refuges dâombre, de silence et de saine solitude. La fausse clartĂ© de notre monde est paradoxalement une rĂ©elle nuit sombre. Il y a notre recherche dâune clartĂ© plus vive qui nâest pas la recherche dâune vĂ©ritable lumiĂšre divine. Cette fausse clartĂ© dĂ©voile seulement pour dĂ©nuder. Elle appuie sur tous les interrupteurs pour Ă©loigner la peur de la nuit, sans pour autant vaincre la grande nuit oĂč rĂšgnent lâobscuritĂ© et le dĂ©sordre. Quelle rĂ©ponse face Ă cette souffrance ? Reprendre les paroles du psalmiste psaume 120 Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage se tient prĂšs de toi. Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune durant la nuit. Le regard doux de Dieu, câest lâombrage qui protĂšge des brĂ»lures du monde. Câest justement la moitiĂ© de la mission de Saint Dominique tout au long de ses nuits, dans la pĂ©nombre de lâĂ©glise, pleurer et demander la misĂ©ricorde de Dieu. Alors que nous ne demandons quâĂ attirer le regard des autres, en rĂȘvant au fond dâune paix anonyme et cachĂ©e, la priĂšre de Dominique câest au contraire braquer Ă nouveau le regard de Dieu sur les Hommes. Câest inviter les Hommes Ă faire la diffĂ©rence entre des ombres insignifiantes et la sĂ©rĂ©nitĂ© Ă©ternellement inaltĂ©rable qui rĂšgne sur cette obscuritĂ©. Câest rĂ©pĂ©ter que Dieu est Ă la fois ce seul regard que lâon cherche, et la paix profonde que nous dĂ©sirons. Câest lĂ notre priĂšre en tant que dominicaines et dominicains se plonger dans les tĂ©nĂšbres du monde pour y attirer de nos voix le regard du Christ. Et rĂ©pĂ©ter au monde qui ne voit en Dieu quâun doigt inquisiteur Dieu nâest pas cet Ă©clairage abusif, il nâest pas non plus lâombre Ă©paisse dĂ©sirĂ©e par Job il est ombrage, tout proche. Sâil est Ă©paisseur, il est lâĂ©paisseur de silence contre lequel tout le bruit du monde ne peut rien. Jour 3 â les tĂ©nĂšbres du jugement Vois donc si la lumiĂšre qui est en toi nâest pas tĂ©nĂšbres » Luc 11, 35 Ces paroles du Christ suivent lâimage de lâoeil sain et du corps sain qui doivent briller comme une lampe. Elles ont de quoi nous glacer car elles supposent que nous pourrions nous tromper sur nous-mĂȘmes, au point de se croire Ă©clairĂ© par nos propres tĂ©nĂšbres. Quand je lis cette phrase du Christ, il me vient Ă lâesprit une caractĂ©ristique de notre monde une certaine tendance Ă beaucoup se sonder. Nous ne sommes pas dans lâexamen de conscience, ni dans une relecture de vie jĂ©suite, ou une simple liste de pĂ©chĂ©s avant la confession. Il sâagit plutĂŽt de scruter son passĂ© et les mouvements intĂ©rieurs de lâĂȘtre pour mieux se comprendre, se connaĂźtre ce qui est bon! mais qui vire Ă lâobsession, souvent sans ouverture sur lâhorizon. Les psychanalyses, les tests de personnalitĂ©, le dĂ©veloppement personnel, sont prĂ©sentĂ©es comme la clĂ© de tous les problĂšmes scruter les tĂ©nĂšbres que lâon a en soi suffirait Ă guĂ©rir. Comme lâĂ©crit Tomasz Witkowski aujourdâhui la saintetĂ© a pris la forme de lâĂ©panouissement personnel » LâExpress. CâĂ©tait prĂ©cisĂ©ment ce dont nous parlions hier soir le regard inquisiteur dâune lumiĂšre artificielle. Sauf que lĂ , câest lâHomme qui en sâauto-scrutant se condamne souvent lui-mĂȘme, car lorsquâon regarde ainsi vers lâintĂ©rieur, câest bien lâobscuritĂ© qui nous saisit en premier. Nous en faisons tous lâexpĂ©rience. Saint Dominique aussi scrutait les tĂ©nĂšbres de ses contemporains et de ses frĂšres Mon fils, tu as fait une confession incomplĂšte de tes pĂ©chĂ©s. Il y a un pĂ©chĂ© que tu as passĂ© sous silence parce que tu avais peur dâen rougir » et lâemmenant Ă part, il lui dit le pĂ©chĂ©3. Il scrutait surtout ses propres tĂ©nĂšbres la deuxiĂšme maniĂšre de prier de Saint Dominique Ă©tait de sâallonger sur le sol, face contre terre, il rougissait de lui-mĂȘme et disait â parfois si haut quâon pouvait mĂȘme lâentendre â cette parole de lâĂvangile Dieu ? Sois propice au pĂ©cheur que je suis »4. Nous voilĂ dans une impasse. Contempler son propre nĂ©ant, son propre vide, est-ce que cela sauve ? Ne serait-ce pas sâarrĂȘter Ă mi-chemin en fait, dans la direction indiquĂ©e par le Christ ? Je tâai destinĂ© Ă ĂȘtre la lumiĂšre des nations ⊠je tâai Ă©tabli pour dire aux prisonniers Sortez ââ, Ă ceux qui sont dans les tĂ©nĂšbres Montrez-vous ââ ». IsaĂŻe 49, 9 IsaĂŻe nous montre le chemin et nous permet dâaller jusquâau bout de lâinvitation du Christ voir si la lumiĂšre en nous nâest pas tĂ©nĂšbre, pour en sortir, pour se montrer et se laisser voir par Dieu, pour le laisser allumer Sa lumiĂšre resplendissante, cette lumiĂšre des nations ». Alors, comme lâĂ©crit GrĂ©goire de Naziance, nous pouvons entendre Soyez comme des sources de lumiĂšre dans le monde, une force vitale pour les autres hommes ». Alors nous pouvons avoir le front lumineux comme celui de Dominique, comme celui dâun enfant baptisĂ© dont le visage brille de lâonction du saint chrĂȘme. Se scruter ne doit permettre que dâinstaller la lumiĂšre en nos obscuritĂ©s, comme lâhumilitĂ© de Dominique touchait le coeur de ses frĂšres, cachĂ©s la nuit pour lâĂ©couter pleurer. Pour rĂ©sumer cette partie sur les tĂ©nĂšbres du jugement, je prendrai une image celle de la spĂ©lĂ©ologie. La tendance de ma gĂ©nĂ©ration, notre Ă©cueil Ă tous peut-ĂȘtre, câest de sâenfoncer en spĂ©lĂ©ologue dans les entrailles de la terre notre ĂȘtre, et de se laisser emmurer par la profondeur effrayante des tĂ©nĂšbres. Câest Ă©voluer en spĂ©lĂ©ologue avec une lampe frontale qui ne fait que rĂ©vĂ©ler les coins les plus obscurs quâelle ne peut atteindre. Cette lampe frontale, câest une lumiĂšre de tĂ©nĂšbres. Au contraire, il nous faut nous rendre compte que nous ne sommes quâun enfant jouant Ă avoir peur dans un grenier. Ce grenier contiendra toujours des parties sombres, câest le mystĂšre de notre ĂȘtre, mais le Christ nous invite Ă quitter toute fausse lampe, Ă ouvrir grand les velux en somme, laisser entrer le soleil. Et alors, peut-ĂȘtre, par une grĂące toute spĂ©ciale de notre baptĂȘme, par un jeu de miroirs, reflĂ©ter la lumiĂšre du Christ jusque dans les profondes tĂ©nĂšbres des autres. Dire aux prisonniers sortez. Ă ceux qui contemplent leurs tĂ©nĂšbres nâayez pas peur de laisser entrer la vraie lumiĂšre. Jour 4 â les tĂ©nĂšbres de la dĂ©ception Nous attendions la lumiĂšre et voici les tĂ©nĂšbres, la clartĂ©, et nous marchons dans lâobscuritĂ©. Nous tĂątonnons comme des aveugles cherchant un mur, comme privĂ©s dâyeux nous tĂątonnons. » IsaĂŻe 59, 9-10 Le sentiment dâĂȘtre déçu est si humain quâil semble bien difficile dâen faire un Ă©lĂ©ment caractĂ©ristique de ma gĂ©nĂ©ration. Mais je ne veux pas parler ici des dĂ©ceptions assez primaires comme la cascade de Chalais on me promet les chutes du Niagara et je trouve une petite mare!. La dĂ©ception fait toujours pendant Ă des attentes suscitĂ©es par des promesses. comme le sont le faux-bond dâun ami, les demi-promesses dâun homme politique ou un Ă©chec lors dâun concours. Peut-on parler dâune plus grand dĂ©ception qui serait la dĂ©ception de la vie ? Notre monde nous fait aujourdâhui des promesses dĂ©mesurĂ©es quâil est incapable dâhonorer. Ou bien ce quâil vient combler un temps nâest pas le creux immense de nos attentes. Je veux prendre un exemple extrĂȘme en fait, jâai des amis qui sont ou qui ont Ă©tĂ© lĂ -dedans et je veux les confier Ă votre priĂšre la pratique du chemsex par exemple, en associant drogues et relations sexuelles, promet des expĂ©riences inouĂŻes, dans une dĂ©sinhibition totale qui crĂ©e un lien harmonieux et spĂ©cial entre les participants. Ces promesses sont honorĂ©es, mais dâune part elles laissent un trou encore plus bĂ©ant de solitude dans le coeur de chacun, et dâautre part elles affadissent tout ce quâoffre la vie de plus simple et de plus tendre. Cette pratique conduit trĂšs souvent Ă lâoverdose ou au suicide la vie sâavĂšre dĂ©cevante, lâamour est dĂ©cevant, les relations humaines nâont plus de goĂ»t. Dieu fait dâimmenses promesses. Le prophĂšte IsaĂŻe fait lâexpĂ©rience, par consĂ©quent, dâune immense dĂ©ception nous attendions la lumiĂšre et voici les tĂ©nĂšbres. Et pire, nous pouvons avoir peur dâĂȘtre déçu. Sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux rapporte les voix quâelle entend aux portes de la mort Lorsque je veux reposer mon coeur fatiguĂ© des tĂ©nĂšbres qui lâentourent, par le souvenir du pays lumineux vers lequel jâaspire, mon tourment redouble ; il me semble que les tĂ©nĂšbres, empruntant la voix des pĂ©cheurs, me disent en se moquant de moi tu rĂȘves la lumiĂšre, une patrie embaumĂ©e des plus suaves parfums, tu rĂȘves la possession Ă©ternelle du CrĂ©ateur de toutes ces merveilles, tu crois sortir un jour des brouillards qui tâenvironnent ! Avance, avance, rĂ©jouis-toi de la mort qui te donnera non ce que tu espĂšres, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du nĂ©ant5. Lâensemble des croyants fait aujourdâhui encore cette expĂ©rience dĂ©cevante dâun Dieu qui promet dâĂȘtre prĂ©sent mais semble absent, dâun Dieu qui sauve mais qui semble abandonner, et encore lâexpĂ©rience de recevoir des grĂąces spĂ©ciales dâunion avec Dieu, tout laisser pour le suivre, puis en ĂȘtre douloureusement privĂ©es. VoilĂ prĂ©cisĂ©ment le pont qui nous rejoint de part et dâautre⊠et se reconnaĂźtre dans ces tĂ©nĂšbres, câest poser un regard honnĂȘte sur la vie. Câest lâhistoire aussi de lâĂ©chec de la prĂ©dication de Dominique. Il resta de nombreuses annĂ©es Ă prĂȘcher sans succĂšs, et les registres dâInquisition de Carcasonne nous lâindique parlant de Raimonde Le bienheureux Dominique lâa rĂ©conciliĂ©e, mais par aprĂšs elle a vu et adorĂ© les hĂ©rĂ©tiques et cru quâils Ă©taient des hommes bons »6. Ses biographes nous le raconte les façons, lançant sur lui des crachats, de la boue et dâautres immondices du mĂȘme genre, et lui attachant par dĂ©rision de la paille dans le dos ». Saint Dominique ne verra de son vivant la fin de lâhĂ©rĂ©sie cathare. Et il y a aussi ses cris de dĂ©sespoir la nuit Que vont devenir les pĂ©cheurs ? ». Et bien mes soeurs, dĂ©sespĂ©rons ! DĂ©sespĂ©rons avec le monde. Portons aux pieds du Seigneur leur dĂ©ception qui engendre leur dĂ©sespoir. Saint Paul nous en donne la clĂ© Le pĂ©ril que nous avons couru en Asie nous a accablĂ© Ă lâextrĂȘme, au-delĂ de nos forces, au point que nous dĂ©sespĂ©rions mĂȘme de la vie. Oui, nous avions reçu en nous-mĂȘme notre arrĂȘt de mort. Ainsi notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mĂȘme mais sur Dieu qui ressuscite les morts. Câest lui qui nous a arrachĂ©s Ă une telle mort et nous en arrachera ; en lui nous avons mis notre espĂ©rance il nous en arrachera encore » Jour 5 â lâabsence de mort JĂ©sus lui dit Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. » » Matthieu 8, 22 Nous nâavons plus peur de la mort car, sans enfer et paradis, ĂȘtre mort nâest plus vraiment source dâangoisse ou dâespĂ©rance il est absent. Si nous nous posons la question de lâexistence, nous ne nous posons plus dĂ©sormais vraiment la question dâune vie aprĂšs la mort. Je crois que je peux dire que je nâai jamais Ă©tĂ© habitĂ© par lâangoisse de ce nĂ©ant post mortem. Pour ma gĂ©nĂ©ration, la mort est douloureuse mais elle est une fin comme tout a une fin. Ensuite, il y a un retour Ă la terre, la trace quâon laisse dans la vie du monde, un repos, un anĂ©antissement dans le grand Tout, une rĂ©incarnation câest assez flou mais rien nâest vĂ©ritablement inquiĂ©tant. Je ne nierai pas la peur de vieillir, lâangoisse de tomber dans lâoubli, mais il sâagit dâune angoisse qui touche Ă la vie-mĂȘme et non pas Ă la mort. Pablo Neruda, dans ses mĂ©moires, raconte une frayeur semblable qui mâa permis de rĂ©flĂ©chir sur ce chapitre. Il relate un tremblement de terre Ă Valparaiso, au Chili8 La frayeur qui naĂźt alors nâest pas celle que provoque le taureau furieux, ou le poignard qui menace ou lâeau quâon avale. Câest une frayeur cosmique, une insĂ©curitĂ© instantanĂ©e, lâunivers qui sâeffondre et se dĂ©compose. Et pendant ce temps la terre tonne sourdement, avec une voix que personne ne lui connaissait. La poussiĂšre que les maisons avaient soulevĂ©e en sâĂ©croulant se dissipe peu Ă peu. Et nous restons seuls avec nos morts et avec tous les morts, sans savoir pourquoi nous sommes vivants. Plus angoissant que la mort elle-mĂȘme, il y a cette solitude du vivant, sa survie incomprĂ©hensible et la mĂ©moire en lui dâun Ă©branlement du monde. LâĂ©cueil, nos tĂ©nĂšbres, câest demeurer prisonnier, au prĂ©sent, de ce sans savoir pourquoi nous sommes vivants. Je dirais que nous avons lâangoisse dâĂȘtre des morts-vivants, et nos tĂ©nĂšbres sont lâabsurditĂ© de la vie. Jâai en mĂ©moire une rencontre Ă Paris en 2016. Ce jour-lĂ , jâĂ©tais allĂ© au TrocadĂ©ro suite Ă un massacre perpĂ©trĂ© en AmĂ©rique, ne sachant que faire de ma tristesse. Jâai trouvĂ© un groupe rassemblĂ© autour de bougies, je me suis assis et jâai abondamment pleurĂ©. Je ne savais rĂ©ellement ni pour qui, ni pour quoi, ni vers qui je pleurais. Je ressentais ni colĂšre ni haine, mais je ne comprenais pas pourquoi, Ă moi, il mâĂ©tait donnĂ© de vivre. JâĂ©tais sidĂ©rĂ©. Je ne sais combien de temps je suis restĂ©, dans le silence le plus total, entourĂ© dâautres personnes qui pleuraient Ă©galement, tandis que quelquâun remplaçait les bougies chauffe-plat au fur et Ă mesure quâelles sâĂ©teignaient. Puis une femme sâest accroupie Ă cĂŽtĂ© de moi elle Ă©tait Ă©trangĂšre, dâorigine asiatique. Elle mâa pris un instant dans ses bras puis elle mâa vigoureusement sermonnĂ© en anglais. JâĂ©tais surpris, je nâai pas tout compris, mais son message Ă©tait le suivant il est tant dâarrĂȘter de pleurer, de te lever et de partir. Elle me faisait de gros yeux, comme si elle me grondait. Et je suis parti. Ce nâest que quelques mois aprĂšs cette rencontre que jâai dĂ©couvert ces paroles du Christ Suismoi, et laisse les morts enterrer leurs morts ». Jâen ai Ă©tĂ© vĂ©ritablement Ă©clairĂ© et jây reviens souvent. Elles mâont permis dâenterrer certains de mes proches avec amour mais sans pleurer. Nous avons oubliĂ© la mort en laissant lâau-delĂ dans des tĂ©nĂšbres flous et incertains. Alors, câest notre propre vie qui perd son sens, et lorsque la mort frappe, câest la sidĂ©ration. Les paroles du Christ ne nous demandent pas dâarrĂȘter dâinhumer dignement nos proches. Il nous secoue vigoureusement pour que nous regardions la mort en face, pour que nous choisissions la vie. Pour quitter la sidĂ©ration, il nous faut savoir pourquoi nous sommes vivants. Sâil y a bien un pont entre ma gĂ©nĂ©ration et le Christ, câest ceci nous avons peur de mourir, mais nous nâavons pas peur de la mort. Le Christ a peur de mourir, ce sont les sueurs de sang Ă GethsĂ©mani. Ma gĂ©nĂ©ration, comme toutes les autres, a peur de mourir vieillir, subir, souffrir, ĂȘtre oublier, en somme le processus de mort du vivant. Mais le Christ nâa pas peur de la mort, il va Ă sa rencontre et la terrasse. De mĂȘme, ma gĂ©nĂ©ration nâa pas peur de la mort mais seulement parce quâelle lâĂ©vite. Elle rencontre alors le mur plutĂŽt que la porte. Nous sommes dans lâextrĂȘme inverse du siĂšcle de Dominique, oĂč la perspective de brĂ»ler en enfer Ă©ternellement terrifiait le monde, mais oĂč lâon savait bien quâil faut mourir. Ce ne sont donc pas les mĂȘmes tĂ©nĂšbres, mais il y a la mĂȘme angoisse, celle du devenir, quâil soit dĂšs ici-bas ou dans lâautre monde. Quelle rĂ©ponse apportĂ©e en tant que Dominicains ? Les hĂ©rĂ©tiques sâĂ©tonnent de la tranquillitĂ© de Dominique face Ă leurs menaces et leurs tortures nâas-tu donc point la mort en horreur ? ». Notre paix face Ă la mort doit ĂȘtre la lumiĂšre. Notre fiertĂ© de la regarder droit dans les yeux. Et de dĂ©border dâune telle confiance que nous prions tous les jours pour les dĂ©funts. Le soleil des tĂ©nĂšbres, en voilant la mort, voile aussi la vie. Le soleil dâembrasement, en rĂ©vĂ©lant la mort, permet de la laisser simplement lĂ oĂč elle se trouve. Ainsi, lorsque je dois porter la Bonne Nouvelle aux miens, je ne parle plus de lâau-delĂ , ou dâune quelconque promesse de paradis⊠je parle de la mort du Christ et de la Croix. Ce qui mâanime, la seule chose que je veux leur dire, câest que grĂące au Christ crucifiĂ©, cette vie Ă©ternelle commence aujourdâhui, ou plutĂŽt quâelle a dĂ©jĂ commencĂ© hier, sans quâon sâen aperçoive. Et si la mort me blesse et mâarrache des larmes, ce nâest quâun temps câest parce que je la vois que je me reconnais vivant. La mort, miroir de lumiĂšre. Jour 6 â lâaurore de la Parole Quiconque a marchĂ© dans les tĂ©nĂšbres sans voir aucune lueur, quâil se confie dans le nom du Seigneur, quâil sâappuie sur son Dieu. » IsaĂŻe 50, 10b Quand je viens Ă Chalais, jâai les oreilles qui sifflent un silence parfait⊠mais jâai le coeur tout pĂ©tri de la Parole de Dieu psaume 108 Ă©prouvĂ© dans ma chair mes genoux se dĂ©robent », hier. Ma gĂ©nĂ©ration, nous sommes aussi plongĂ©s dans un silence mais bien diffĂ©rent. Nos tĂ©nĂšbres de la Parole sont purement et simplement lâabsence du Verbe dans nos vies. Le mot absence est encore imparfait. Peut-on dire que la lumiĂšre est absente de la vie dâun aveugle de naissance ? Cela ne lui manque pas, ce nâest pas en tant que telle une absence puisquâil ne le connaĂźt pas. Nos tĂ©nĂšbres de la Parole, câest la tĂ©nĂšbre de toute parole paroles de vie, promesse, parole donnĂ©e. Ăa ne parle pas, et pourtant ce nâest pas le silence de Chalais. Pour toutes les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes qui ont baignĂ©, de prĂšs ou de loin, dans le christianisme, il y a cette Parole entendue, au moins une fois. Ils ne peuvent ĂȘtre lâaveugle de naissance, et sâils deviennent un jour aveugle, de plein grĂ© ou par hasard, ils gardent le souvenir de la LumiĂšre. MĂȘme les athĂ©es, mĂȘme les grands philosophes du doute et du nihilisme, vivent en relation avec cette Parole. Les tĂ©nĂšbres quâils choisissent ne sont pas nos tĂ©nĂšbres, comme la nuit des yeux un temps condamnĂ©s nâest pas celle des yeux qui nâont jamais vu. Quâest-ce que le silence de la Parole ? Câest lâĂ©tendue infinie dâune mer huileuse sur laquelle on fait la planche, par temps calme. Au contraire, la Parole de Dieu, ce nâest ni un radeau, ni mĂȘme une boussole, ni mĂȘme une Ăźle sur laquelle se rĂ©fugier. La Parole, câest cette invitation plonge et inspire. Comme dans certains de nos rĂȘves alors, aprĂšs avoir trop longtemps tentĂ© de retenir sa respiration sous lâeau, on inspire tout dâun coup. On se rend compte que lâon peut respirer sous lâeau. Cela nâefface pas les tempĂȘtes. Les bĂȘtes de la mer sont aussi malmenĂ©s par les vagues. Mais lâon nâest plus bloquĂ© entre ciel et mer, presque immobile, en Ă©quilibre. On plonge et on inspire. Dans ce silence de la Parole, que faire ? Pour ceux qui y sont, impossible de revenir Ă une source. On peut sâaccrocher Ă toute sorte de rondin, de radeaux de fortune qui parcourent la mer, ou mĂȘme de solides et fiers navires. NĂ©anmoins ils demeurent temporaires et Ă©loignĂ©s de cette vĂ©ritĂ© on peut respirer sous lâeau. Il faudrait plutĂŽt se demander alors que peut-on faire, nous, ChrĂ©tiens, pour porter et transmettre cette Parole ? Je trouve des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse chez le thĂ©ologien Paul Tillich. Lâune de ses phrases mâa durablement marquĂ© lâhomme ne peut pas comprendre une rĂ©ponse Ă une question quâil nâa pas posĂ©e ». Câest limpide et claire, et il nâest peut-ĂȘtre pas le premier Ă le remarquer, mais remettons la phrase dans son contexte pour quâelle Ă©claire prĂ©cisĂ©ment notre sujet. Lâhomme ne peut comprendre une rĂ©ponse Ă une question quâil nâa pas posĂ©e. Câest, soit dit en passant, un principe de grande consĂ©quence pour lâĂ©ducation religieuse. Il percevrait une telle rĂ©ponse comme extravagante, comme une suite incomprĂ©hensible de mots comme le sont tant de prĂ©dications, mais il nây verrait pas une expĂ©rience de rĂ©vĂ©lation. La question que pose lâhomme, câest lâhomme lui-mĂȘme. Il pose cette question, quâil lâexprime ou non par des mots. Il ne peut pas Ă©viter de la poser, car câest son ĂȘtre mĂȘme qui est la question. En sâinterrogeant sur son existence, il est seul avec lui-mĂȘme. Il interroge du fond de lâabĂźme » et cet abĂźme est lui-mĂȘme. Au coeur de ces tĂ©nĂšbres de la Parole, du fond de notre abĂźme, on ne se pose pas forcĂ©ment la question de Dieu. LâĂglise apporte une multitude de rĂ©ponses, et de trĂšs bonnes rĂ©ponses, Ă beaucoup des questions que lâon ne se pose plus dĂ©sormais. LâĂglise en cela ne doit pas transformer ses rĂ©ponses â cela ne lui appartient pas â mais bien plutĂŽt adapter son oreille aux questions provenant de nos tĂ©nĂšbres. Je prends un exemple Ă la Chapelle de lâHĂŽtel-Dieu de Lyon, une jeune femme non chrĂ©tienne de mon Ăąge est venue me demander, avec hĂ©sitation mais avec courage ce que je ressens quand je viens ici, le ressentez-vous, vous-aussi ? ». Lorsque jâai rapportĂ© cette question dans mon couvent, certains frĂšres sâen sont gentiment moquĂ©. LâidĂ©e sous-jacente Ă©tait la suivante votre gĂ©nĂ©ration obsĂ©dĂ©e par ses propres sensations et expĂ©riences, centrĂ©e sur le ressenti corporelle, pose des questions subjectives et attendent des rĂ©ponses subjectives ». Ils nâont pas totalement tort, mais ils passent Ă cĂŽtĂ© de cette nouvelle question, peu conventionnelle. Sâil fallait faire une comparaison un aveugle de naissance, sortant rarement dehors, vous demande tout Ă coup ressentez-vous cette chaleur sur votre peau parfois quand vous sortez, vous-aussi ? », et vous riez en votre fort interne, vous disant quel idiot, il ne sait pas que câest le soleil ! ». Je vous ai invitĂ© Ă lire la guĂ©rison de lâaveugle-nĂ©. Celui-ci parle Ă son entourage de JĂ©sus qui lui a mis de la boue sur les yeux. La rĂ©action des gens OĂč est-il ? ». Lâaveugle guĂ©ri rĂ©pond je nâen sais rien ». Il y a lĂ tout ce que je vois de ma gĂ©nĂ©ration, de mon propre chemin, oĂč lâon commence Ă voir, et oĂč lâon se sait oĂč trouver celui qui nous a donnĂ© la vue. Tout ce que nous avons Ă faire, câest susciter la question et annoncer son Nom, dire oĂč le trouver, avec le mĂȘme zĂšle que Dominique. Et votre vie, mes Soeurs, suscite cette question, annonce son nom et nous montre oĂč le trouver. Saint Dominique cherchait avec tant de zĂšle le salut des Ăąmes que lui-mĂȘme, une fois faite lâorganisation des frĂšres, avait projetĂ© dâaller chez les paĂŻens et de mourir pour la foi » et il se laissa mĂȘme pousser la barbe en prĂ©vision10. Je ne vous invite pas Ă vous laisser pousser la barbe sauf le frĂšre Maxime, mais mesurons ce que cela veut dire. Dominique Ă©tait prĂȘt Ă sâadapter, prendre la barbe des Cumans, Ă manifester sur son visage-mĂȘme, son Ă©lan missionnaire, sur son front le nom de Dieu⊠et permettre alors la fin du silence, lâaurore de la Parole. Jour 7 ne pas saisir le Christ Ce qui fut en lui Ă©tait la vie, et la vie Ă©tait la lumiĂšre des hommes, et la lumiĂšre luit dans les tĂ©nĂšbres et les tĂ©nĂšbres ne lâont pas saisie. » Jean 1, 4-5 La lumiĂšre, câest le Christ lumiĂšre avant le commencement du monde et lumiĂšre par son incarnation dans le monde, rendu visible de maniĂšre si fugitive Ă la Transfiguration, prĂ©sente jusquâĂ la fin des temps pour lâeucharistie. Les tĂ©nĂšbres, dans ce prologue de saint Jean, ce sont les puissances du Mal et tout particuliĂšrement ceux qui, dans le monde, ont vu le Christ mais ne lâont pas reconnu. Le terme grec ÎșααλαΌÎČÎ±ÎœÎż, katalambano, a un double sens comme en français, le verbe revĂȘt Ă la fois le sens de saisir, prendre, et le sens de saisir, comprendre. Le second sens est le plus souvent retenu, car il reflĂšte lâincomprĂ©hension des Juifs face Ă la venue du Messie, JĂ©sus le Christ. Je ne sais pas si lâon peut dire que ma gĂ©nĂ©ration ne comprend pas le Christ, puisquâelle ne le connaĂźt pas. Sa figure est tout au plus celle dâun sage, comme tant dâautres, dĂ©formĂ©e par les hommes Ă travers les siĂšcles. Quand je dis que nous ne le connaissons pas, câest bien dans cette dimension transcendante dâune prĂ©sence, dans toute la rĂ©alitĂ© de sa personne. Je vois ici la raison de mon goĂ»t, avec tant dâautres jeunes catholique de nos Ăąges, pour lâadoration du Saint Sacrement, comme une petite Transfiguration le Christ comme prĂ©sence rĂ©elle et palpable. En rĂ©ponse Ă cette Ă©vocation, un frĂšre philosophe me demandait mais peut-il y avoir une prĂ©sence qui ne soit pas rĂ©elle ? ». Pour mâaider Ă lui rĂ©pondre, il ajoutait nous pouvons ĂȘtre lĂ sans ĂȘtre pour autant prĂ©sent ». Nos tĂ©nĂšbres, câest le dĂ©ficit de ces prĂ©sences. La nĂŽtre en premier lieu, la difficultĂ© dâĂȘtre Ă nous-mĂȘmes au coeur de notre propre vie. Ensuite, celle des autres qui sont douloureusement absents Ă nos appels, jusque dans les relations les plus intimes absents en esprit malgrĂ© leur prĂ©sence corporelle. Enfin, Ă lâinverse, la non-prĂ©sence de Dieu qui, associĂ© Ă une immanence Ă©nergĂ©tique et fluide dans des lieux quâon dit habitĂ©s, en demeure pourtant tout Ă fait absent physiquement, rĂ©solument hors du monde et inaccessible. Il est incorrect de dire que, dans nos tĂ©nĂšbres, nous ne comprenons pas la lumiĂšre quâest le Christ nous ne pouvons comprendre ce que nous ne connaissons pas. Par contre, le sens premier du verbe katalambano, saisir au sens de prendre me semble plus pertinent. Nos tĂ©nĂšbres nous protĂšgent, quelque part, de mettre la main sur le Christ, de sâaccaparer sa lumiĂšre. Câest un reproche que lâon fait aux diffĂ©rentes institutions chrĂ©tiennes. Ne pas se saisir du Christ nâest pas une fin en soi â et il sâagit bien plutĂŽt de se laisser saisir par lui â mais câest une condition pour lâapprocher en vĂ©ritĂ©. Câest rĂ©solument une bonne terre oĂč lâon peut semer, comme ces carrĂ©s de terre dans nos jardins qui, cachĂ©s de la lumiĂšre du soleil par une bĂąche noire, sont restĂ©s vierge de mauvaises herbes et de ronces. Ne pas se saisir du Christ pour les Saints, câest accepter, comme Pierre, Jacques et Jean, de redescendre de la montagne. Comme Marie-Madeleine, de ne pas le retenir. Comme les pĂšlerins dâEmmaĂŒs, de revenir sur leurs pas. Tous ont acceptĂ© de le perdre aprĂšs lâavoir trouvĂ©. En ce jour oĂč nous cĂ©lĂ©brons la fĂȘte de la mort de Saint Dominique notre pĂšre, je vois chez lui aussi cette mĂȘme pudeur, cette volontĂ© de ne saisir personne. Sur son lit de mort, il y a quelque chose de ce ne me retiens pas » de JĂ©sus Ă Marie-Madeleine. Dominique dit je vous serai plus utile au ciel ». Sa discrĂ©tion et son humilitĂ© nous empĂȘchent de nous saisir de lui. Dominique nous Ă©chappe. Le fondateur des prĂȘcheurs nâa laissĂ© aucune prĂ©dication. Dominique est cette pluie que nous avons eue hier soir, destinĂ©e Ă rafraĂźchir un temps la terre, puis qui disparaĂźt⊠comme pour nous obliger Ă toujours lever le regard vers le ciel. Jour 8 sortir nu des tĂ©nĂšbres Car lâaumĂŽne dĂ©livre de la mort, et elle empĂȘche dâaller dans les tĂ©nĂšbres » Tobie 4, 10 Cette parole prend place dans la longue liste de recommandations que le pĂšre de Tobie donne Ă son fils avant de mourir. Le thĂšme revient plusieurs fois dans le chapitre 4, comme au verset 16 Donne de ton pain Ă ceux qui ont faim, et de tes habits Ă ceux qui sont nus. Nous pourrions mĂȘme dire que câest un thĂšme rĂ©current dans toute la Bible, et dans les religions en gĂ©nĂ©ral, quâelles soient monothĂ©istes ou extrĂȘme-orientales. Ce nâest pas seulement une bonne action, câest mĂȘme un peu plus quâun devoir faire lâaumĂŽne dĂ©livre de la mort et retient de sombrer dans les tĂ©nĂšbres. Autrement dit, lâaumĂŽne vous tire des tĂ©nĂšbres si vous y Ă©tiez dĂ©jĂ elle vous rachĂšte et vous empĂȘche dây aller si vous nây Ă©tiez pas. Il est aisĂ© de faire le lien avec notre pĂšre saint Dominique, car son premier geste de saintetĂ©, qui a marquĂ© ses contemporains, câest le suivant alors quâil Ă©tait encore Ă Palencia, vendre ses livres et donner lâargent aux pauvres affamĂ©s de sa ville. On dit mĂȘme quâ il a profĂ©rĂ© une malĂ©diction au moment de mourir contre celui qui introduirait des richesses dans son ordre, bien plus le saint voulut que les siens mendient dans le monde tout entier »11. Notre gĂ©nĂ©ration alors ? CaricaturĂ©e individualiste, capitaliste, consumĂ©riste, sait-elle ce quâest lâaumĂŽne ? Oui ! Nous donnons beaucoup je connais nombre dâamis pour ne pas dire tous qui, sans appartenir Ă aucune religion, donnent volontiers aux sans-abris, font des dons rĂ©guliers Ă des associations, ont le souci de sâimpliquer dans une association caritative. Ils donnent de leur argent et de leur temps. Je ne saurais dire si ma gĂ©nĂ©ration vit ce devoir dâaumĂŽne comme une injonction, comme câest le cas dans les religions. Jâai lâimpression quâelle est bien plutĂŽt un rĂ©flexe, comme mettre sa ceinture en voiture il faut aider. Nous sommes une gĂ©nĂ©ration gĂ©nĂ©reuse et en mĂȘme temps, je dois le reconnaĂźtre, paradoxalement souffrant de trop possĂ©der. Les marques de luxe, de dĂ©coration, lâont bien compris elles reversent toutes quelques bĂ©nĂ©fices pour de grandes causes, cela aide Ă se dĂ©culpabiliser, et les lignes de la mode sont de plus en plus sobres et Ă©purĂ©es, câest le rĂšgne du minimalisme mĂȘme si elles se renouvellent sans cesse pour susciter lâintĂ©rĂȘt. Câest que lâaumĂŽne rend nu. En cela, elle libĂšre. Câest pour cela quâelle dĂ©livre des liens de la mort. Mais ça ne suffit pas. Quâest-ce que lâaumĂŽne proprement chrĂ©tienne ? Je vais vous confier que lâune des premiĂšres choses qui mâont attirĂ© dans lâOrdre, câest de voir des frĂšres vivre la pauvretĂ© câest peut-ĂȘtre cocasse, vous me direz, car nos couvents ne sont pas toujours des modĂšles dans ce champs-lĂ . Lorsque jâai passĂ© quelques semaines au couvent de Lille avant de mâenvoler pour le PĂ©rou, un frĂšre Ă©tranger mâavait fait rentrer dans sa cellule pour relire et corriger sa prĂ©dication en français jâavais dĂ©couvert une cellule dĂ©pouillĂ©e deux ou trois livres, un matelas par terre, sur une natte, deux ou trois chemises pendues, câest tout. Jâen ai Ă©tĂ© illuminĂ©. Et partout oĂč jâallais en retraite, je me rendais compte que jâaimais le dĂ©pouillement des cellules. Je ressentais lĂ©gĂšretĂ© et libertĂ©. Et de fait, je ne vous raconte pas ce que jâai fait subir Ă ma mĂšre, les deux mois avant dâentrer dans lâOrdre jâai Ă©tĂ© pris dâune frĂ©nĂ©sie de tout jeter ce qui mâappartenait des tas de livres, de bibelots, de vĂȘtements, de superflus qui mâĂ©touffaient. Je voulais partir au noviciat avec seulement trois caleçons et un t-shirt, puisque de toute façon je porterai lâhabit tous les jours jusquâĂ la fin de ma vie. Je vous rassure mĂȘme si câest peut-ĂȘtre triste, jâai changĂ©. Mes supĂ©rieurs ont affinĂ© ce dĂ©sir de pauvretĂ© qui nâest pas le dĂ©sir de la misĂšre. Ils lâont rĂ©-orientĂ© parce que ce dĂ©sir Ă©tait mal-ajustĂ©, car dĂ©coulant dâun monde mal-ajustĂ©. On mâa libĂ©rĂ© dâune frĂ©nĂ©sie de dĂ©pouillement qui ne cherche Ă se dĂ©gager. Je retrouve cette sagesse ici je demandais Ă une soeur ĂȘtes vous autosuffisante avec vos biscuits », et elle mâa rĂ©pondu mais nous ne cherchons pas Ă ĂȘtre autosuffisante ». Vous acceptez de dĂ©pendre, mes soeurs, et ceux qui viennent chez vous acceptent aussi de dĂ©prendre de vous. Câest la vĂ©ritable nuditĂ©. Ce que nous dit Tobie, ou lâexemple de Dominique, câest que lâaumĂŽne et la pauvretĂ© ne peuvent ĂȘtre seulement quâune recherche de libertĂ© personnelle, ni mĂȘme un don pour se dĂ©culpabiliser. LâaumĂŽne, câest souffrir avec. Câest parce que Dominique souffre avec ses contemporains quâil donne ce dont il a pourtant besoin. La Parole de Dieu est sans dĂ©tour lâaumĂŽne dĂ©livre de la mort. Pour ma gĂ©nĂ©ration donc, le chemin est dĂ©jĂ Ă moitiĂ© parcouru. Nous savons donner, et nous en connaissons lâimportance. Câest une joie. Lâinsatisfaction demeure pourtant. Tobie nous donne ici une clĂ© lâaumĂŽne est une offrande de valeur, pour tous ceux qui la font en prĂ©sence du TrĂšs-Haut ». Câest lâaumĂŽne de Dominique, quelques livres. Celle de la veuve ou du bon Samaritain deux piĂšces. Et le sang du Christ, nu sur la croix, câest lâaumĂŽne que nous fait le PĂšre. Dernier jour â Dieu dit Que la lumiĂšre soit » GenĂšse 1. PremiĂšre parole de Dieu. Mes Soeurs, encore une fois, bonne fĂȘte de saint Dominique. AprĂšs ce long chemin que nous avons fait entre lumiĂšre et tĂ©nĂšbre, ce jour a presque une saveur de rĂ©surrection. Au terme de cette neuvaine aux cĂŽtĂ©s de Saint Dominique, jâespĂšre nous avoir aidĂ© Ă mieux comprendre et donc Ă prier pour ces Ăąmes sous le soleil des tĂ©nĂšbres. Nous sommes passĂ©s dâabord jour 2 par la fausse clartĂ©, câest-Ă -dire la lumiĂšre artificielle de notre monde, Ă lâopposĂ© de la pĂ©nombre douce et reposante du regard divin. Ensuite jour 3, nous avons plutĂŽt parlĂ© de nos tĂ©nĂšbres intĂ©rieures â vois donc si la lumiĂšre en toi nâest pas tĂ©nĂšbres » nous dit le Christ â pour inviter le monde Ă accueillir la douce lumiĂšre de Dieu. Nous nous sommes arrĂȘtĂ©s dans les tĂ©nĂšbres de la dĂ©ception jour 4, oĂč nous avons confrontĂ© lâĂ©chec et le dĂ©sespoir Ă la vertu dâespĂ©rance. Notre point culminant, notre point de bascule le jour 5 Ă©tait lâabsence de la mort dans notre monde, alors que le Christ nous invite Ă la regarder en face. Ensuite notre chemin sâest trouvĂ© de plus en plus lumineux le jour 6 Ă©tait consacrĂ© Ă lâaurore de la Parole, la non-connaissance de la Parole de JĂ©sus par nos contemporains qui ouvre de grandes perspectives de Salut. Le jour 7 nous invitait Ă ne pas saisir le Christ, mais Ă la rechercher sans cesse. Le jour 8, hier, nous invitait Ă contempler la lumiĂšre de lâaumĂŽne et de la pauvretĂ© au sein des tĂ©nĂšbres du monde. Pour ce dernier jour, le neuviĂšme, je veux terminer sur la lumiĂšre, sous le soleil dâembrasement. Ce soleil qui se reflĂ©tait sur lâautel, jeudi, et dont le Saint Sacrement reflĂ©tait les rayons. CâĂ©tait tellement beau, une image mâest venue faire bronzer son Ăąme. Câest le psaume 18 qui a retenu mon attention les semaines prĂ©cĂ©dentes il a sĂ»rement inspirĂ© le rĂȘve de la mĂšre de saint Dominique dâailleurs que nous avions vu en ouverture LĂ , se trouve la demeure du soleil tel un Ă©poux, il paraĂźt hors de sa tente, il sâĂ©lance en conquĂ©rant joyeux. Il paraĂźt oĂč commence le ciel, il sâen va jusquâoĂč le ciel sâachĂšve rien nâĂ©chappe Ă son ardeur. » notre Dieu Ă parcourir toute la terre, pour Ă©clairer toutes les femmes et les hommes de notre monde. Ce qui lui permet de dire quand je te parlais je ne me cachais pas dans les tĂ©nĂšbres, ou encore je nâai pas dit cherchez moi dans le vide ». Et donc, lorsque le Christ dit moi je suis la lumiĂšre du monde », il y a de cette joie du Fils de lâHomme Ă ĂȘtre venu parmi nous. Je vois aussi rien nâĂ©chappe Ă son ardeur rien nâĂ©chappe Ă la chaleur de Dieu, sa tendresse, sa lumiĂšre, mais donc aussi sa brĂ»lure, celle de son regard qui purifie et transforme. Câest ce regard qui dessine, sans que nous le sachions, le contour de nos vies, les aspĂ©ritĂ©s de notre Ăąme. Câest ce que dit GrĂ©goire dâAgrigente Si la lumiĂšre disparaissait, le monde nâaurait plus dâaspect, et la vie serait sans vie ». Le regard de Dieu, cette lumiĂšre vive et brĂ»lante, donne aspect et donne vie. Câest tout ce que nous retrouvons chez notre pĂšre saint Dominique. Cet ardent dĂ©sir dâannoncer Dieu au monde entier, de porter le Christ. Et son regard de misĂ©ricorde, un regard dĂ©jĂ tournĂ© vers lâau-delĂ , dans lequel, certainement, les gens pouvaient voir le reflet de la lumiĂšre divine. Un Vademecum laissons nos hĂ©sitations, gardons-les entre nous, et comme soeur GeneviĂšve, dire face au monde en proie au dĂ©sespoir je crois ». Je laisse les derniers mots Ă Saint Sophrone de JĂ©rusalem on le trouve dans le brĂ©viaire pour la fĂȘte de la PrĂ©sentation au Temple Si nos cierges procurent un tel Ă©clat, câest dâabord pour montrer la splendeur divine de celui qui vient, qui fait resplendir lâunivers et lâinonde dâune lumiĂšre Ă©ternelle en repoussant les tĂ©nĂšbres mauvaises ⊠Que nul dâentre vous ne demeure Ă lâĂ©cart de cette lumiĂšre, comme un Ă©tranger ; que nul, alors quâil en est inondĂ©, ne sâobstine Ă rester plonger dans la nuit »| ÔŒŃ áÏ Đ·ÎčĐœ Μá | ĐглŃÏŃáźáá пОŃŃáŸĐłÎ±ÎČ ĐčŐĄÏŐŃĐŸÖĐž | ÎΔбОážĐ°ÏĐŸÎŸ ŃÎżÏá±Ń ŃáÎș |
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griffenoire outil de collecte epique legende de lumiere et de tenebres chapitre 3 - saison 3chapitre 3 - saison 3đź hello0o0 la compagnie de fortnite!!!!bieAu cĆur de la ville assiĂ©gĂ©e d'Alep en Syrie, avec une maman et sa fille, qui portent la vie au milieu des corps et de la mort. Rencontre avec Waad al-Kateab et Edward Watts, rĂ©alisateurs du documentaire-choc "Pour Sama", en salles ce 9 octobre. KMBO "Nous ne pensions pas que le reste du monde permettrait ça..." Cette phrase, terrible, de Waad Al-Khateab, ouvre son documentaire Pour Sama, lettre Ă sa fille et tĂ©moignage de ce qu'elles, le papa, leurs amis et les familles d'Alep vĂ©curent durant les six mois de siĂšge de la ville syrienne au cours de l'annĂ©e 2016. En arabe, Sama signifie ciel. Un ciel que Waad Al-Khateab aurait souhaitĂ© bleu, pur, sans avions, ni hĂ©licoptĂšres, ni bombes. Ces bombes qui tombent Ă intervalle rĂ©guliers sur les quartiers de la ville syrienne, et trĂšs vite sur l'hĂŽpital oĂč la journaliste et rĂ©alisatrice vit avec sa fille et son mari, mĂ©decin en chef de l'Ă©tablissement. Au milieu de la mort, Ă©mergent la vie, les rires, la libertĂ©, la rĂ©silience, le courage aussi, de rester. Choisir de partir en trahissant l'esprit de rĂ©volution et donc ses propres enfants, ou rester coĂ»te que coĂ»te, en espĂ©rant que ces mĂȘmes enfants comprendront, un jour. Et qu'on n'aura pas Ă les enterrer, demain. MalgrĂ© les corps, malgrĂ© le sang, malgrĂ© la douleur, Waad Al-Khateab continue de filmer, pour que sa fille, un jour, puisse comprendre d'oĂč elle vient et les choix de ses parents. Et pour qu'elle puisse voir Alep, aussi. Les images sont insoutenables, Ă l'image de ces deux garçons embrassant leur petit frĂšre fauchĂ© par un obus, ou cette maman emportant serrĂ© contre elle le corps sans vie de son fils. Le propos, lui, est indispensable. "Nous ne pensions pas que le reste du monde permettrait ça"... Cette phrase rĂ©sonne longtemps une fois le film terminĂ©, et Sama, un jour, nous demandera des comptes. A l'occasion de la sortie française du film cette semaine, rencontre avec la journaliste et rĂ©alisatrice, et son co-rĂ©alisateur Edward Watts, alors que le film, aprĂšs son passage Ă Cannes oĂč il remporta l'Oeil d'Or en mai dernier, bouleverse et Ă©meut les festivals et spectateurs Ă travers le monde. AlloCinĂ© PremiĂšre question, la plus importante, comment allez-vous ? Comment vont vos filles ? Comment va Hamza votre mari ? Waad Al-Khateab Je vais bien, merci. Nous habitons Ă Londres dĂ©sormais. Nous y avons commencĂ© une nouvelle vie. Mes enfants vont Ă lâĂ©cole, Hamza a un nouveau travail, moi je voyage beaucoup pour le film pour le moment. Nous essayons de prendre nos marques et de nous habituer Ă cette nouvelle vie. Il y a cette phrase terrible dans la premiĂšre partie du film "Quand les bombardements ont commencĂ©, nous ne pensions pas que le reste du monde permettrait ça..." Le reste du monde, câest nous, câest moi⊠Quel est votre sentiment vis-Ă -vis de ce "reste du monde" qui a laissĂ© la situation se produire ? Waad Al-Khateab Il ne sâagit pas tant de vous ou dâeux. Il sâagit des gouvernements et des pouvoirs politiques. Nous avons vu depuis 2010, tout au long de ces annĂ©es, les grands discours sur la libertĂ©, la dignitĂ©, la dĂ©mocratie⊠Nous pensions donc que les gouvernements rĂ©agiraient. Ils savaient tous ce quâil se passait, ils connaissaient les moindres dĂ©tails de la situation en Syrie, ils Ă©taient au courant des agissements du rĂ©gime de Bachar el-Assad. CâĂ©tait donc Ă©vident pour nous que le reste du monde avait conscience de la nĂ©cessitĂ© dâaider le peuple syrien Ă avoir une meilleure vie⊠Nous ne pensions sincĂšrement pas nous retrouver dans la situation oĂč lâon peut tuer impunĂ©ment, alors que nâimporte quelle puissance a la possibilitĂ© dâintervenir Ă tout moment. Je ne parle pas dâintervention militaire, mais dâintervention politique. A minima la mise en place de lignes rouges Ă ne pas franchir, comme lâutilisation des armes chimiques. Nous sommes passĂ©s par toutes les couleurs de lignes, Bachar El Assad a continuĂ© encore et encore et personne nâa rien fait et ne fait rien. Cette phrase, câest une maniĂšre de rĂ©sumer notre choc face Ă cette situation. Câest ça le monde oĂč nous vivons, le monde dont nous rĂȘvions ? Câest ça la dĂ©mocratie, la libertĂ©, la dignitĂ© dont tout le monde parle ? Je nâai toujours pas de rĂ©ponse Ă cette question, pour tout dire. Mais je garde lâespoir dâune prise de conscience et que ces problĂšmes puissent ĂȘtre rĂ©glĂ©s. KMBO En voyant le film, on comprend que le fait de tourner Ă©tait pour vous un moyen de tenir, de survivre mĂȘme⊠Waad Al-Khateab Câest tout Ă fait ça. Quand je filmais, jâavais une raison dâĂȘtre lĂ . Une raison de voir toutes ces scĂšnes. Une raison de voir tous ces morts. Nous nous sommes vraiment sentis abandonnĂ©s par le reste du monde, et je ne voulais pas ĂȘtre Ă mon tour celle qui abandonne ces gens en mâenfuyant pour sauver ma famille. Et Ă©trangement, câĂ©tait plus facile pour moi dâĂȘtre lĂ -bas que dâĂȘtre ici, Ă distance, Ă voir les gens dâIdlib vivre la mĂȘme situation. Et câest la mĂȘme chose pour tous les gens qui ont fini par partir et qui ont vu le film nous avons tous une sensation de mal-ĂȘtre. Câest bien plus simple dâĂȘtre sur place, sans espoir, et de pouvoir aider les gens comme on le peut. Edward, vous ĂȘtes intervenus bien aprĂšs les prises de vue, au moment du montage. Comment vous-ĂȘtes vous rencontrĂ©s et comment avez-vous travaillĂ© ensemble ? Edward Watts Waad avait dĂ©jĂ tournĂ© des images pour Channel 4. Je connaissais son travail, mais je nâavais jamais vu ses archives vidĂ©o autour de la situation tragique Ă Alep. Elle est arrivĂ©e Ă Londres avec ses disques durs, plus de 500 heures dâimages incroyables. Elle recherchait quelquâun avec qui travailler sur ce matĂ©riel, et nous nous sommes trouvĂ©s pour ainsi dire. Nos collĂšgues Ă Channel 4 connaissaient mon obsession pour la Syrie et mon envie de raconter lâhistoire de gens comme Waad ou Hamza. Jâai fait des documentaires durant dix ans, donc jâavais un profil potentiellement intĂ©ressant pour ce projet. Et deux ans et demi plus tard, nous voici ! Le travail de montage a Ă©tĂ© trĂšs long, car nous pouvions proposer diffĂ©rentes approches et regards en utilisant ces images. Waad a vĂ©cu ces Ă©vĂ©nements, elle les a filmĂ©s, et mon travail a consistĂ© Ă trouver une maniĂšre de les mettre en forme pour parler Ă un public occidental, Ă des gens qui nâavaient jamais Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă de telles situations ou de telles images. Pour rĂ©sumer, comment plonger un habitant de Paris directement au cĆur dâAlep, pour vivre ce que Waad a vĂ©cu mais sans les noyer non plus dans lâhorreur pour conserver un impact humain et Ă©motionnel. Ca a Ă©tĂ© mon rĂŽle sur ce film. KMBO Vous avez dit dans une interview avoir vĂ©cu deux ans dans les tĂ©nĂšbres en faisant ce film ? Edward Watts LittĂ©ralement dans les tĂ©nĂšbres, oui. Les dix premiers mois, nous avons montĂ© dans une piĂšce sombre, sans fenĂȘtres. Je vis dans une Ă©glise en ruines, et câest un environnement trĂšs Ă©trange pour travailler. Mais ça nâa pas Ă©tĂ© que sombre nous plaisantions rĂ©guliĂšrement, et surtout nous avons tissĂ© une solide amitiĂ© durant ce processus. Des liens trĂšs forts. Waad est aujourdâhui lâune de mes meilleures amies, et je peux ĂȘtre trĂšs directe avec elle ! Plus quâavec ma propre famille ! Rires Vous parlez de vraies tĂ©nĂšbres, mais il y a aussi des tĂ©nĂšbres mentales. Comment ressort-on de ces longs mois plongĂ©s dans ces images ? Et comment trouve-t-on le bon Ă©quilibre dans le montage pour ne pas "aller trop loin" en termes de violence ? Edward Watts CâĂ©tait la partie la plus difficile du montage, trouver le bon curseur. Nous Ă©tions alignĂ©s Waad et moi sur le fait que nous voulions montrer la vĂ©ritĂ© et confronter le public Ă la rĂ©alitĂ© de la guerre. Le grand public est trop "protĂ©gĂ©" par rapport Ă ces images. Je ne sais pas si câest la mĂȘme chose en France, mais on en vient Ă ne plus montrer la rĂ©alitĂ©. Câest la rĂ©alitĂ©. Il fallait la montrer. Waad Al-Khateab Jâai Ă©tĂ© choquĂ©e et en colĂšre Ă plusieurs reprises par le passĂ©, quand jâai dĂ©couvert que les chaĂźnes refusaient de passer les images les jugeant trop choquantes. Je sais que câest horrible, mais câest la rĂ©alitĂ© du terrain, câest ce qui arrive, ce qui nous arrive. Je ne peux pas comprendre que des gens extĂ©rieurs Ă la situation, pour qui il ne sâagit pas de leur propre famille, puissent dire quâils ne peuvent pas regarder. Ne pas montrer les images, câest cacher que cela arrive et faire croire que le problĂšme est rĂ©glĂ© ou nâexiste pas. Jâavais donc peur, en commençant Ă travailler avec Edward, de devoir me battre avec lui Ă ce sujet. Mais ça nâa pas Ă©tĂ© le cas. Jâai vraiment Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©e que nous ayons le mĂȘme point de vue. Nous ne pouvions pas non plus accepter de flouter les visages, les corps et les blessures. Ce nâĂ©tait pas possible pour nous. Dâaccord, ces images sont dures, mais câest le minimum pour voir et comprendre la rĂ©alitĂ©. Edward Watts Nous avons eu Ă un moment une version du film bien plus graphique et bien plus dure. Et câĂ©tait trop pour les gens. Nous lâavons montrĂ© Ă des amis, Ă la famille, et câĂ©tait insupportable pour eux. Nous avons donc travaillĂ© pour trouver le juste Ă©quilibre. Mais pour en revenir aux tĂ©nĂšbres dont vous parlez, câest tout le message du film et du travail de Waad. Il ne sâagit pas que de tĂ©nĂšbres et de mort. Il y a tellement de vie, de positivitĂ©, dâespoir, dâhumanité⊠Regardez la scĂšne dâouverture un hĂŽpital sous les bombardements, et tous les gens prĂ©sents plaisantent en attendant la fin de lâattaque. Lâesprit humain trouve ce genre de protections pour rendre les choses supportables, et tout lâenjeu du film Ă©tait de faire ce voyage entre les tĂ©nĂšbres et la lumiĂšre. Vous parliez de la France, et nous avons le mĂȘme problĂšme, avec des images de guerre extrĂȘmement Ă©dulcorĂ©es dans les mĂ©dias. Une explosion au loin, une flaque de sang sur le trottoir, et ça ne va jamais plus loin. Or votre film montre la guerre telle quâelle est vraiment. Vous pensez quâil est temps de montrer la vraie guerre aux gens ? Edward Watts Tout Ă fait. Câest quelque chose de trĂšs occidental. Câest notamment dĂ» Ă notre Histoire, et Ă nos erreurs dans notre relation et notre attitude vis-Ă -vis du reste du monde. Si vous ne montrez pas la rĂ©alitĂ© des images des bombardements dâAssad, et leurs consĂ©quences en termes humains, alors câest bien plus simple de sâassoir autour dâune table et de dire que câest effectivement mieux quâil reste au pouvoir pour la stabilitĂ© du pays et de la rĂ©gion. Mais⊠une pile de cadavres dâenfants, câest ça le prix de la stabilitĂ© ? Si personne ne voit cette rĂ©alitĂ©, on ne peut pas prendre les bonnes dĂ©cisions. Câest pour cette raison, par exemple, que mon pays, la Grande-Bretagne, sâest engagĂ© dans la Guerre en Irak. "La guerre, câest facile, on envoie lâarmĂ©e, on nettoie et tout va pour le mieux." Non. La guerre, câest de la sueur, du sang, les corps. Et il faut voir cela pour comprendre. Waad Al-Khateab Nous sommes Ă©videmment dĂ©vastĂ©s par les bombardements et les destructions de bĂątiments, de monuments, dâinfrastructures de la ville dâAlep. Mais câest sans comparaison avec le coĂ»t humain, et avec chaque enfant que jâai vu se faire tuer. Il ne sâagit pas de murs, mais dâĂȘtres humains. Et il reste tant de questions combien de gens sont morts, combien sont en prison, pourquoi ont-ils Ă©tĂ© tuĂ©s, qui est responsable de cette situation ? On ne sait pas. KMBO Dans le film, il y a cette sĂ©quence oĂč vous pouvez partir et quitter cet enfer, et oĂč vous dĂ©cidez de revenir. Quel souvenir gardez-vous de ce moment prĂ©cis, de cette dĂ©cision qui relĂšve dâun courage incroyable ? Waad Al-Khateab CâĂ©tait Ă la fois un choix Ă©vident, sans lâĂȘtre. Nous sentions que nous devions revenir, tout simplement. Il nây a pas eu un moment-clĂ©, ni mĂȘme de questionnement. CâĂ©tait un mouvement Ă©vident. Nous avons alors pensĂ© Ă notre fille Sama, et il nous semblait Ă©vident aussi de la garder avec nous. Alep Ă©tait assiĂ©gĂ©e, et nous ne pouvions tout simplement pas regarder de lâextĂ©rieur cela arriver Ă des gens que nous cĂŽtoyions depuis cinq ans. La culpabilitĂ© nous aurait tuĂ©, dĂ©jĂ . Et puis câest un peu comme si un feu se dĂ©clarait chez vous vous ne fuyez pas le bĂątiment en laissant vos proches derriĂšre vous ; vous allez sauver les gens, et Ă©ventuellement tenter dâarrĂȘter lâincendie. Câest aussi simple que ça, et câest ainsi que je vois les choses. Et je pense sincĂšrement, au plus profond de moi, que tout le monde ferait de mĂȘme. Le film a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă Cannes, dans diffĂ©rents festivals⊠Que vous a apportĂ© le retour du public ? Et pensez-vous que le film peut initier un changement ? Waad Al-Khateab Nous pensions sincĂšrement que Cannes ne sâintĂ©resserait pas Ă notre film. Hamza nous rappelait constamment de soumettre de notre film, nous avons fini par le faire et le film a Ă©tĂ© retenu Ă notre grande surprise. Une fois sur place, nous Ă©tions stressĂ©s et terrifiĂ©s, et nous ne savions pas comment le public allait rĂ©agir⊠Et cette rĂ©action a Ă©tĂ© incroyable, avec des questions trĂšs engagĂ©es dans la foulĂ©e de la projection. La question la plus rĂ©currente, câest "que pouvons-nous faire ?". Il y aussi de la tristesse, de la fiertĂ© que nous ayons portĂ© ce projet jusquâau bout, de la culpabilité⊠Des rĂ©actions trĂšs honnĂȘtes, trĂšs humaines, trĂšs directes, de la part de gens du monde du cinĂ©ma, de la part de journalistes, de la part de parents⊠Cela nous a fait comprendre que ce film va au-delĂ du genre documentaire, et au-delĂ de la Syrie. Il y a quelque chose dâuniversel. Edward Watts Et cela est arrivĂ© partout. Cannes, Sheffield, au Mexique, en Afrique du Sud⊠Quel que soit le lieu oĂč nous projetons le film, il créé une connexion profonde avec le public. Car câest un film qui donne de lâespoir. Quand nous faisions le film, on nous disait quâil nâintĂ©resserait personne, que tout le monde en avait marre de la Syrie, que câĂ©tait trop compliquĂ©, quâil irait peut-ĂȘtre dans un festival au maximum⊠Et voir ces rĂ©actions et cet engagement de la part des gens, ça montre que lâĂȘtre humain nâest pas apathique, quâil nâa pas abandonnĂ©, quâil veut sâengager, quâil veut rendre le monde meilleur. Ăa peut sembler naĂŻf, mais câest vraiment ce quâil se passe. Ce film, comme dâautres, aide Ă redonner espoir. KMBO Câest aussi un film qui peut aider Ă changer la vision que certains ont des migrants et des rĂ©fugiĂ©s, en montrant pourquoi ces gens fuient leur pays. Edward Watts Tout Ă fait. Notre film est une machine Ă empathie. Cela vous plonge au cĆur de la rĂ©alitĂ© de ces gens. Quâest-ce que cela signifie de vivre dans ces conditions, de se battre pour son pays, de voir sa famille menacĂ©e⊠Waad Al-Khateab Câest mĂȘme plus fort que ça les gens me demandent comment et pourquoi je suis restĂ©e aussi longtemps, et pourquoi je nâai pas fui ! GrĂące au film, les gens prennent conscience quâaucun ĂȘtre humain ne devrait rester dans ces conditions, et que câest normal de fuir. Le film vous met vraiment Ă notre place Ă Hamza et moi, au cĆur de ce que nous avons vĂ©cu, face aux choix que nous avons faits, et ils comprennent pourquoi parfois on ne peut que fuir. Sama et sa sĆur sont trop jeunes pour voir le film, Ă©videmment. Mais avez-vous dĂ©jĂ imaginĂ© le moment oĂč vous leur montrerez le film ? Waad Al-Khateab Nous lâavons montrĂ© Ă Naya, lâune des filles de nos amis qu'on voit dans le film. Elle l'a vu, car elle a eu, Ă juste titre, beaucoup de mal avec tout ça. Elle sait que nous avons dĂ» fuir Alep, elle a connu la rĂ©alitĂ© des bombardements, et elle a beaucoup de questions. Le film sâest avĂ©rĂ© ĂȘtre la meilleure rĂ©ponse pour lâaider Ă apprĂ©hender et comprendre. Au dĂ©part jâavais vraiment peur de lui montrer, mais sa mĂšre mâa convaincue en me disant que Naya en avait besoin pour rĂ©pondre aux milliers de questions auxquelles ses parents ne savaient pas comment rĂ©pondre⊠Elle a donc vu le film, du dĂ©but Ă la fin, avec beaucoup dâattention et dâĂ©motion. DĂšs lors, je me projette sur mes propres filles. Elles sont plus jeunes, et ne se souviennent pas de ce qui est arrivĂ© ou ne peuvent verbaliser leurs souvenirs. Mais quand elles commenceront Ă poser des questions, je leur montrerai certaines sĂ©quences du film. Et puis avec le temps, elles le dĂ©couvriront par elles-mĂȘmes avec Youtube, elles auront un accĂšs simple Ă ces images et Ă dâautres. Et un jour, elles me diront "Maman, jâai vu le film". Difficile pour moi dâimaginer plus loin que cela. Je n'ai pas pour habitude de tweeter Ă propos des films que je vois en festivals. Mais je fais une exception avec For Sama. C'est l'expĂ©rience la plus bouleversante que j'ai vĂ©cu dans un cinĂ©ma. J'ai pleurĂ© un long moment et j'ai ressenti une telle colĂšre que mon visage Ă©tait brĂ»lĂ© Un des rares rĂ©cits sur la guerre d'un point de vue entiĂšrement fĂ©minin. For Sama de Waad Al-Khateab, sur la maniĂšre dont elle a Ă©levĂ© sa fille durant le siĂšge d'Alep, est trop Ă©mouvant pour des mots Il y aura un film sur toutes les lĂšvres au Festival de Cannes. For Sama va changer ceux qui le voient. Ca m'a changĂ©. Je viens de voir le puissant documentaire For Sama, lettre d'une mĂšre syrienne Ă sa petite fille sur la façon dont ses parents se sont rencontrĂ©s, ce pour quoi ils se sont battus et comment cela a eu un impact sur leur vie au coeur de la ville d'Alep, dĂ©chirĂ©e par la guerre. Un tĂ©moignage ahurissant, Ă ne pas manquer.
Leprototype de cette relation nouvelle des formes d'esprit, c'est « SCRIPTORAL » (1988-1991), la pyramide inversĂ©e de lumiĂšre. II est trĂšs curieux de remarquer qu'Ă la mĂȘme Ă©poque, mais avec un achĂšvement plus tardif, elle fut doublement reprĂ©sentĂ©e, grĂące Ă François Mitterrand, d'abord, au niveau infĂ©rieur de la cour du Louvre royal, dans laquelle il fit Ă©difier la pyramide
11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 1912 2° La LumiĂšre du Debhir TernaritĂ© de la LumiĂšre, et lâĆil de lâesprit Si le paradoxe du binaire est affirmĂ© dans le HĂ©kal dans le but de faire surgir le ternaire, il en est de mĂȘme Ă lâOrient. LâĂ©querre du maĂźtre de loge ne comprend que deux branches. LâhypotĂ©nuse est absente en apparence bien que prĂ©sente virtuellement. Elle relie les extrĂ©mitĂ©s de lâĂ©querre, tel est son rĂŽle. Elle nâexiste quâau prix dâun effort mental, et quâen fonction de la prĂ©sence rĂ©elle des deux autres branches. Elle unifie des trajectoires et des longueurs diffĂ©rentes sans pour autant en ĂȘtre une synthĂšse. Elle est » et sa visibilitĂ© est intĂ©rieure. Tel est le sens du ternaire au Debhir. Ătre au-delĂ de lâapparence câest le dessillement du regard dans le HĂ©kal. Ătre sans apparence câest la vision totale au DĂ©bhir. Pour cet exercice câest la lumiĂšre qui favorise ce discernement. Trois fenĂȘtres Ă©clairent les travaux. Une se situe Ă lâOrient, une au Midi et enfin la troisiĂšme Ă lâOccident. Cette vision est celle que lâon peut avoir Ă partir du HĂ©kal. Cette disposition judicieuse nous rappelle le caractĂšre cyclique de la course du soleil qui rythme le temps du travail, de la priĂšre et de la famille. Au-delĂ de lâaspect cyclique et laborieux de lâĂ©clairage des colonnes, on remarquera que les travaux se dĂ©roulent de midi Ă minuit. Ces deux limites sont les deux temps frontiĂšre de la symbolique du renversement du sablier. Ils sont traditionnellement marquĂ©s par la Saint-Jean dâĂtĂ© et dâHiver. Le cycle implique le renversement sur les deux plans fondamentaux de la symbolique mĂ©taphysique, le plan microcosmique et le plan macrocosmique. Le renversement autorise le changement de plan et donc de point de vue, tout en restant sur le mĂȘme axe fondamental, celui qui relie le haut et le bas. Il convient dâen tirer une signification plus profonde qui implique une vision Ă partir du Debhir. Il y a la lumiĂšre horizontale qui naĂźt Ă lâOrient et qui fait naĂźtre lâombre et lâunivers des formes. La lumiĂšre verticale, plus forte au midi, qui absorbe lâombre et indistinct les formes, et enfin cette lumiĂšre disparue du couchant, qui quitte lâunivers des vivants, ce que les francs-maçons appellent lâOrient Ă©ternel. Voir la lumiĂšre est le but de lâinitiation au premier degrĂ©. Il faut la percevoir sous ces trois aspects, celui des formes, celui sans formes et enfin au-delĂ du visible. Il est convenu dans tous les rites que la lumiĂšre vient de lâOrient ce qui explique lâorientation et lâorganisation cosmogonique du Temple. On dit dans la plupart des rites quâil y a trois lumiĂšres. Dans les rituels francisĂ©s, installĂ©s par les loges Jacobites dĂšs 1688, les trois lumiĂšres sont le MaĂźtre de loge, le Soleil et la Lune installĂ©e au Debhir marquant une hiĂ©rarchisation entre le Saint et le Saint des Saints. Câest une vĂ©ritable voie initiatique ascensionnelle qui est ainsi soulignĂ©e partant du HĂ©kal vers le Debhir. La Bible est seulement accessible au MaĂźtre de Loge intercesseur, dont la lecture illumine les colonnes. Les apprentis, compagnons et maĂźtres ont appris quâil fallait lire la Bible autrement, lorsquâils ont prĂȘtĂ© serment les yeux bandĂ©s. LâoblitĂ©ration de la vue dĂ©veloppe lâĆil de lâesprit », c'est-Ă -dire cette nouvelle reprĂ©sentation mentale des sons et des images. Lâactivation dâautres facultĂ©s cĂ©rĂ©brales oubliĂ©es dans la vie profane est de premiĂšre importance pour saisir lâimpact de cette lumiĂšre. Dans les rituels anglais dâesprit orangiste au milieu du XVIIIe siĂšcle, les trois grandes lumiĂšres sont lâĂquerre, le Compas et la Bible ou du VLS, ouvrant la tolĂ©rance interprĂ©tative face Ă la vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e dâun catholicisme rigoureux ; la Bible nâest plus sur lâautel du VĂ©nĂ©rable, mais sur lâautel des serments dans le HĂ©kal mĂȘme et donc accessible aux ouvriers. Nous nâaurions aucun mal Ă faire correspondre la triade continentale dâessence catholique opĂ©rative trĂšs proche des anciens devoirs et la triade anglaise plus abstraite. Les deux triades sont indissociables. On peut faire correspondre le MaĂźtre de loge mis pour le Christ et Ă©lĂ©ment primordial, au livre fondateur sacrĂ© reprĂ©sentĂ© par la Bible, le soleil par son cĂŽtĂ© actif Ă lâaune de la raison est lâĂ©quivalent du compas et la lune connue pour sa passivitĂ© intuitive est associĂ©e Ă lâĂ©querre. Sâagissant du MaĂźtre de loge, au-delĂ du voile des symboles, est la reprĂ©sentation du Christ flanquĂ© du Soleil et de la Lune. La remontĂ©e abstraite de la triade anglaise autorise un Ă©largissement mĂ©taphysique de lâinterprĂ©tation. Les rituels continentaux hĂ©ritĂ©s des jacobites catholiques, infĂšrent les trois lumiĂšres traditionnellement reprĂ©sentĂ©es sur les tympans des cathĂ©drales ou des Ă©glises, alors que les Anglais sous la poussĂ©e protestante et presbytĂ©rienne font abstraction du corps du Christ pour laisser place aux outils de la crĂ©ation, lâĂ©querre et le compas et Ă lâinterprĂ©tation directe de la Bible. Dans les rituels contemporains, cette diffĂ©rence interprĂ©tative entre grandes lumiĂšres et lumiĂšres simples sâest estompĂ©e. Lâenjeu politico-religieux a disparu face Ă un ĆcumĂ©nisme pacifiĂ©. Pourquoi cette rĂ©partition ternaire dans lâaffectation de la lumiĂšre ? Il existerait diffĂ©rentes dĂ©clinaisons de la lumiĂšre en rapport direct avec lâobjet Ă laquelle elle se rapporte. La dualitĂ© apparente du premier grade, la synthĂšse axiale du deuxiĂšme grade et enfin la vision du tout unitaire du troisiĂšme grade. La lumiĂšre source et diffĂ©renciation binaire La premiĂšre perception de la lumiĂšre se dĂ©roule dans le rituel dâinitiation et se perpĂ©tue Ă la rĂ©ouverture des travaux de la loge. Lâapprenti voit cette lumiĂšre initiatique pour la premiĂšre fois et Ă chaque tenue. Il y a donc un commencement appelĂ© source » et des recommencements appelĂ©s cycles ». La manifestation de la lumiĂšre se fait contre les tĂ©nĂšbres dans une sĂ©rie de successions permanentes. Le jour succĂšde Ă la nuit de maniĂšre perpĂ©tuelle, tout objet Ă©clairĂ© Ă son ombre, câest lâenseignement de lâallumage des feux en loge. La lumiĂšre suivant les rituels, vient souvent des parvis et entre en loge. Le monde extĂ©rieur dit profane est imprĂ©gnĂ© de cette lumiĂšre illuminatrice, qui se prĂ©sente comme un bruit de fond, mais seuls les initiĂ©s en perçoivent la source. Il faut quĂ©rir cette lumiĂšre originelle et la ramener dans lâenceinte sacrĂ©e pour rejouer lâintroduction du prologue de Jean. La lumiĂšre source » provient de la description qui en est faite au prologue de lâĂvangile selon saint Jean. Elle semble ĂȘtre la dĂ©clinaison dans la sphĂšre humaine de la Parole divine Ă lâorigine du tout. La LumiĂšre qui en dĂ©coule est la Vie et sâimpose face aux tĂ©nĂšbres. Ici la LumiĂšre est le tĂ©moignage de la Parole divine qui est aussi le Verbe [1] Au commencement Ă©tait la Parole, et la Parole Ă©tait avec Dieu, et la Parole Ă©tait Dieu. Elle Ă©tait au commencement avec Dieu. Toutes choses ont Ă©tĂ© faites par elle, et rien de ce qui a Ă©tĂ© fait n'a Ă©tĂ© fait sans elle. En elle Ă©tait la vie, et la vie Ă©tait la lumiĂšre des hommes. La lumiĂšre luit dans les tĂ©nĂšbres, et les tĂ©nĂšbres ne l'ont point reçue. Il y eut un homme envoyĂ© de Dieu son nom Ă©tait Jean. Il vint pour servir de tĂ©moin, pour rendre tĂ©moignage Ă la lumiĂšre, afin que tous crussent par lui. Il n'Ă©tait pas la lumiĂšre, mais il parut pour rendre tĂ©moignage Ă la lumiĂšre. Cette lumiĂšre Ă©tait la vĂ©ritable lumiĂšre, qui, en venant dans le monde, Ă©claire tout homme. » Câest la lumiĂšre qui permet de voir la concrĂ©tude de notre environnement et plus encore. Câest la lumiĂšre du maĂźtre de loge qui Ă©claire nos travaux. Celle-ci a trait au jour et Ă la nuit en rapport avec le couple Soleil et Lune Ă lâOrient, mais aussi les cases noires et blanches du pavĂ© mosaĂŻque. On a vu prĂ©cĂ©demment que la diffĂ©renciation nâĂ©tait pas une crĂ©ation, mais un ordonnancement dâune source primaire universelle. Certains appellent cette source primaire une materia prima », sans forme qui se trouva organisĂ©e et hiĂ©rarchisĂ©s sur la base du principe Ordo ab chaos ». Donc la forme et la matiĂšre diffĂ©renciĂ©es ont une source commune. Pour simplifier, on peut assimiler cette organisation Ă une dualitĂ© apparente comme le jour et la nuit, comme le bien et le mal, comme les quatre Ă©lĂ©ments, les mers, les continents, les montagnes, la terre, bref tout ce qui nous semble diffĂ©renciĂ©, mais qui en vĂ©ritĂ© provient dâune source unique. La lumiĂšre des hommes Ă©claire la diffĂ©renciation et donne une apparente dualitĂ©. Le jour et la nuit se succĂšdent, câest le point de vue cyclique qui explique ce monde. Câest lâinventaire des Ă©lĂ©ments recomposĂ©s qui le caractĂ©rise, en quelque sorte, cette lumiĂšre est celle que doit percevoir lâapprenti, faite de dualitĂ© et de cycle. Le vĂ©nĂ©rable maĂźtre prĂ©side aux travaux de la loge, au mĂȘme titre que le soleil prĂ©side au jour et la lune Ă la nuit. Cette triade est indissociable. Il est lâordonnateur de la loge et joue le rĂŽle de dĂ©miurge, porteur de lumiĂšre lorsquâil recrĂ©e le monde dans sa loge. Lâimago Mundi est rĂ©ordonnĂ©e au bout de son Ă©pĂ©e flamboyante. Câest ce rayon de lumiĂšre qui irrigue les colonnes. Ce travail de diffĂ©rentiation est Ă lâĂ©gal des six jours de la GenĂšse, et repose sur le cycle solaire renouvelĂ© du soir et du matin dans lâĂ©vangile, lĂ ou lâombre et la plus longue, et de midi Ă minuit dans les rituels lĂ ou lâombre est totale ou absente. Il y a donc deux points de vue, lâun horizontal, lâautre vertical et axial. La diffĂ©renciatio n est trĂšs bien dĂ©crite dans la GenĂšse de lâĂvangile. Les six jours de la diffĂ©rentiation sont Au commencement, Dieu crĂ©a les cieux et la terre. La terre Ă©tait informe et vide il y avait des tĂ©nĂšbres Ă la surface de l'abĂźme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit que la lumiĂšre soit! Et la lumiĂšre fut. Dieu vit que la lumiĂšre Ă©tait bonne ; et Dieu sĂ©para la lumiĂšre d'avec les tĂ©nĂšbres. Dieu appela la lumiĂšre jour, et il appela les tĂ©nĂšbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin ce fut le premier jour. Dieu dit qu'il y ait une Ă©tendue entre les eaux, et qu'elle sĂ©pare les eaux d'avec les eaux. Et Dieu fit l'Ă©tendue, et il sĂ©para les eaux qui sont au-dessous de l'Ă©tendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'Ă©tendue. Et cela fut ainsi. Dieu appela l'Ă©tendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin ce fut le second jour. Dieu dit que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela Ă©tait bon. Puis Dieu dit que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espĂšce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espĂšce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espĂšce. Dieu vit que cela Ă©tait bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin ce fut le troisiĂšme jour. Dieu dit Qu'il y ait des luminaires dans l'Ă©tendue du ciel, pour sĂ©parer le jour d'avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les Ă©poques, les jours et les annĂ©es ; et qu'ils servent de luminaires dans l'Ă©tendue du ciel, pour Ă©clairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour prĂ©sider au jour et le plus petit luminaire pour prĂ©sider Ă la nuit ; il fit aussi les Ă©toiles. Dieu les plaça dans l'Ă©tendue du ciel, pour Ă©clairer la terre, pour prĂ©sider au jour et Ă la nuit, et pour sĂ©parer la lumiĂšre d'avec les tĂ©nĂšbres. Dieu vit que cela Ă©tait bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin ce fut le quatriĂšme jour. Dieu dit que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l'Ă©tendue du ciel. Dieu crĂ©a les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent et que les eaux produisirent en abondance selon leur espĂšce ; il crĂ©a aussi tout oiseau ailĂ© selon son espĂšce. Dieu vit que cela Ă©tait bon. Dieu les bĂ©nit, en disant Soyez fĂ©conds, multipliez et remplissez les eaux des mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin ce fut le cinquiĂšme jour. Dieu dit que la terre produise des animaux vivants selon leur espĂšce, du bĂ©tail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espĂšce. Et cela fut ainsi. Dieu fit les animaux de la terre selon leur espĂšce, le bĂ©tail selon son espĂšce et tous les reptiles de la terre selon leur espĂšce. Dieu vit que cela Ă©tait bon. Puis Dieu dit Faisons l'homme Ă notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bĂ©tail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu crĂ©a l'homme Ă son image, il le crĂ©a Ă l'image de Dieu, il crĂ©a l'homme et la femme. Dieu les bĂ©nit, et Dieu leur dit Soyez fĂ©conds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est Ă la surface de toute la terre et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence ce sera votre nourriture. Et Ă tout animal de la terre, Ă tout oiseau du ciel, et Ă tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela Ă©tait trĂšs bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin ce fut le sixiĂšme jour. » La lumiĂšre axiale De la diffĂ©rentiation par lâaction de la lumiĂšre Logos et la mise en place des cycles dans la matiĂšre, nous pouvons enfin concevoir la bipolaritĂ© des apparences. La bipolaritĂ© nous ramĂšne par synthĂšse au corps principal. Ainsi le Soleil et la Lune sont une seule et mĂȘme entitĂ©, appelĂ©e systĂšme solaire, qui lui-mĂȘme nâest, quâun Ă©lĂ©ment dâun plus vaste ensemble oĂč il doit trouver son pendant polaire et ainsi de suite. Lâhomme microcosme est en rapport direct et ascendant avec lâhomme macrocosme. Ce qui nous met sur la voie de cet axe sublime, câest la disposition du MaĂźtre de Loge Ă lâOrient comme transmetteur de cette lumiĂšre axiale par son ĂpĂ©e flamboyante. LâĂ©pĂ©e est un axe, une reliance Ă plus haut. Il se tient entre le Soleil et la Lune indiquant par la mĂȘme que lâaxe microcosmique dâun systĂšme solaire ne peut suffire, il est une sous-reprĂ©sentation dâun tout bien plus ample. Le couple Soleil-Lune nâest pas sans rapport avec le couple Ă©querre-compas, câest lĂ que nous trouvons un rapport direct entre le systĂšme ancien, microcosmique des trois lumiĂšres de la loge et le systĂšme moderne macrocosmique aussi global quâabstrait. Leur superposition nous fait remarquer un axe qui passe de lâangle de lâĂquerre et qui monte jusqu'Ă lâĆil du compas. Or le franc maçon se tient entre lâĂ©querre et le compas Ă lâaplomb de cet axe. Que signifie cet axe ? Que la lumiĂšre illuminatrice traverse tous les plans qui ne sont que des avatars dâune seule et mĂȘme entitĂ© ; que lâapparence trouve sa limite de perception repoussĂ©e Ă lâinfini dans un au-delĂ autrement plus consĂ©quent et que la perception de cette totalitĂ© universelle est le but final du parcours initiatique. En effet une telle vision transforme lâindividu, en mĂ©tamorphosant sa perception du rĂ©el. La Loge, en organisant le temple comme une rĂ©plique symbolique de lâunivers, fait passer un fil Ă plomb Ă la verticale du centre du Hekal et du pavĂ© mosaĂŻque, dĂ©montrant que le systĂšme apparent est reliĂ© par un mĂȘme axe Ă un systĂšme plus ample qui lâintĂšgre et le dĂ©passe et ainsi de suite. La lumiĂšre vient de lâOrient dans notre systĂšme de perception, mais symboliquement elle se transmet par lâĂ©pĂ©e flamboyante du vĂ©nĂ©rable qui est en relation avec cet axe universel que lâon voit reprĂ©sentĂ© par la lettre G au centre du pentagramme et de lâhexagramme. Ceci indique que le microcosme et le macrocosme se superposent traversĂ©s par le mĂȘme axe illuminateur. Se mettre Ă lâintersection du plan reprĂ©sentatif de notre monde et Ă lâaplomb de cet axe permet dâĂȘtre au centre de soi et du monde. Par son avancement, cette vision est rĂ©servĂ©e au compagnon qui tente de finir son parcours dans la matiĂšre. La verticalitĂ© symbolique est sa destinĂ©e, car il se tient entre la perpendiculaire et le niveau. La lumiĂšre loi universelle, lâunitĂ© constitutionnelle Le principe ternaire en loge semble donc liĂ© Ă une lumiĂšre illuminatrice ». La superposition de lâĂ©querre et du compas se fait sur la Bible pour les anciens ou sur tout livre considĂ©rĂ© comme sacrĂ©. Câest donc le sens de lâĂ©criture sacrĂ©e qui irradie le symbolisme de la superposition de la matiĂšre et de lâesprit, de la terre et du ciel. Cette irradiation vient dâun ailleurs fondateur de diffĂ©renciateur de toutes choses. Cette origine, cette ontologie sont expliquĂ©es par le sens Ă©sotĂ©rique de lâĂ©crit sacrĂ©. Cet Ă©crit par sa nature explicative est la rĂšgle universelle » sans laquelle rien ne peut ĂȘtre bĂąti. Dans lâArt Royal il ne peut y avoir de construction sans plan Ă©laborĂ© sur la planche Ă tracer des maĂźtres. La planche Ă tracer a pour fonction de faire passer le plan de la deuxiĂšme dimension Ă la troisiĂšme, donnant lâaspect rĂ©el Ă la conception abstraite. Il ne peut y avoir monde, quelle que soit sa dimension, sans loi de construction. Cette loi est commune Ă tous les mondes, elle est rĂšgle universelle et constitutionnelle. Comment la loi de construction devient lumiĂšre ? La loi-lumiĂšre se rĂ©vĂšle Ă nos yeux et Ă notre entendement simplement parce que nous sommes en mesure de la concevoir. Si tel nâĂ©tait pas le cas, nous serions probablement ramenĂ©s au niveau du rĂšgne animal, avec le degrĂ© de conscience correspondant. Cette aptitude Ă la transcendance est prise en compte au plan symbolique dans les loges maçonniques, mais elle nâest pas toujours expliquĂ©e. Ces notions mĂ©taphysiques nâimpliquent nullement une croyance, encore que cet Ă©tat ne soit pas un handicap, bien au contraire. Ă lâinverse peut-on ĂȘtre un franc maçon et ne pas envisager de loi universelle ? Cela nous semble difficile. LâĂ©querre et le compas mĂȘme superposĂ©s et entrelacĂ©s perdent leurs sens symboliques sâils ne sont pas les instruments dâun architecte appliquant une rĂšgle. Tant et si bien que dans lâĂ©lan le plus dĂ©sacralisateur que la franc-maçonnerie laĂŻque ait pu connaĂźtre, la suppression de la Bible ou du VLS, sâest traduite par la mise en place de la rĂšgle support de lâĂ©querre et du compas. On a ainsi confirmĂ© lâexistence dâune rĂšgle ordonnatrice universelle Ă toute construction et donc Ă chaque monde. Cette transcendance axiale, aboutissement ternaire par excellence, nous permet de traverser des couches successives reprĂ©sentatives de mondes dont la diffĂ©renciation sâopĂšre sur des modalitĂ©s diffĂ©rentes pour, au final, atteindre un centre ultime, le centre de tous les centres. En loge, cette explication ultime est perçue par le centre ontologique de la loge reprĂ©sentĂ© par le G de lâĂ©toile. Il est inatteignable au premier degrĂ©, il se perçoit au second degrĂ© et il est enfin croisĂ© au troisiĂšme degrĂ©. GĂ©ographiquement, on peut le situer dans le HĂ©kal de la loge Ă lâintersection entre lâaxis Mundi du fil Ă plomb qui descend de l'Ă©toile Polaire de la voie lactĂ©e et qui croise le plan manifestĂ© de la loge, reprĂ©sentĂ© par le pavĂ© mosaĂŻque. Personne ne peut marcher sur ce pavĂ© et donc croiser ce fameux axe fondateur. Il faut passer des petits mystĂšres aux grands mystĂšres pour en avoir la rĂ©vĂ©lation. Câest en effet en survolant le pavĂ© mosaĂŻque que le jeune maĂźtre croise lâaxe. Il quitte un Ă©tat pour atteindre un autre Ă©tat. Cet envol » exprime la dissociation de lâesprit et du corps et lâaccĂšs Ă une forme dâimpermanence en rapport direct avec cette source initiale. La reprĂ©sentation de ce centre est donnĂ©e par la croix tridimensionnelle dont le centre rayonnant est Ă lâorigine du tout. Câest le point oĂč tout prend naissance et oĂč tout converge. Le centre devient le Principe. Voir la lumiĂšre veut dire concevoir ce centre ontologique. Câest ici lâaboutissement du principe ternaire en loge. Conclusion En fonction du grade et de notre progression sur le chemin de lâinitiation, la lumiĂšre se rĂ©vĂšle progressivement. Il faut toujours se poser la question dâoĂč vient la lumiĂšre ? Il faut toujours faire le rapprochement entre la lumiĂšre extĂ©rieure, la lumiĂšre intĂ©rieure et la lumiĂšre illuminatrice. Le ternaire de la loge vient abonder lâexplication Ă©sotĂ©rique de la lumiĂšre. Cette derniĂšre ne peut ĂȘtre saisie au premier coup dâĆil. Cette imprĂ©gnation de lâesprit fait naĂźtre la conscience du tout unitaire dont la lumiĂšre nâest quâune expression. Le ternaire a cet avantage de nous ramener Ă lâunitĂ© principielle. Le ternaire rĂ©vĂšle Ă nos yeux lâunitĂ© fondatrice en nous sortant dâune dualitĂ© manichĂ©enne que nous considĂ©rons comme lâimpasse existentielle par nature. Le franc-maçon sâexerce Ă unir les contraires et Ă observer les complĂ©mentaires. Seule cette synthĂšse salvatrice du ternaire permet notre progression initiatique. E\R\ [1] Nous donnons ici la traduction avec le mot Parole plutĂŽt que Verbe pour faire rĂ©fĂ©rence au systĂšme maçonnique de la Parole perdue. Published by Ă©cossaisdesaintjean - dans MORCEAUX D'ARCHITECTUREiAT8lK.